Titan est un jeu vidéo CPC publié par Titusen 1988 .

  • 1988
  • Stratégie

Test du jeu vidéo Titan

4/5 — Exceptionnel ! par

Développé et édité par Titus Interactive sur Amstrad CPC, Amiga, Atari ST, C64, ZX Spectrum, CDI, PC Engine, NES, 1988.

Il y a les casse-briques classiques, de type « Arkanoid-like », omni-centrés sur l’action et où la clé du succès est la qualité de vos réflexes, et puis il y a ceux qui sont orientés pure stratégie, comme Titan.

Titan est, comme la plupart de ces compères, un « bat-and-ball ». Vous contrôlez une raquette et devez taper dans une balle que vous allez projeter sur des blocs ou un mur, jusqu’à ce que tout ce qui peut être détruit le soit.

Si l’on garde le même principe, la finalité de Titan n’a rien à voir. Dans ce titre, il ne s’agit pas d’empêcher la balle de tomber dans l’abîme du bord de l’écran. La raquette est en effet toujours placée au centre de l’écran, et l’action se déroule dans une sorte d’arène close. Impossible de laisser filer la balle donc.

**UN MIX DE ARKANOID, BOULDER DASH ET GAUNTLET **

L’objectif du jeu est de compléter 80 (!) niveaux (16 sur la version cassette). Pour ce faire, 2 possibilités : soit détruire toutes les briques cassables du level (briques dorées et rouges, ces dernières nécessitant plusieurs collisions), soit toucher une case EXIT.

Ça a l’air facile écrit comme ça, sauf que :

  • certains blocs ne peuvent être cassés qu’avec la balle et non la raquette.

  • certains blocs ne peuvent être cassés qu’avec la raquette et non la balle (d’où le parallèle avec Boulder Dash), il faudra « creuser » un passage pour la balle dans le dédale des briques grises ; à vous de déterminer lesquelles casser et lesquelles il sera intéressant de ne pas briser (de façon à mieux contrôler les déplacements de la balle).

  • certains blocs transparents peuvent être traversés par la balle et non la raquette (les rouges), ou l’inverse (les verts). Conséquence : certaines zones ne pourront pas être atteintes par la batte. Il faudra lancer la balle dedans et attendre qu’elle ressorte de l’autre côté. Des téléports devront être utilisés pour naviguer d’une zone à une autre.

  • certaines cases à tête de mort sont fatales, tant pour la raquette que la balle (des cases ou ennemis, ils ne bougent pas toujours, dur de savoir donc). Les toucher avec l’une ou l’autre vous fait perdre l’une de vos 5 vies. D’où l’intérêt de ne pas casser toutes les briques.

  • une brique spéciale fait commuter la balle et la raquette (elles intervertissent leur position à l’écran).

  • certains blocs bougent.

  • certains blocs vous font glisser.

  • certains blocs transparents deviennent infranchissables après un nombre défini de passages.

Voilà pour planter le décor.

La balle est en mouvement continu, sauf exception dont je vais parler dans un instant. Elle peut se diriger dans 8 directions différentes.

Il y a des subtilités à connaître pour maîtriser la balle : une raquette statique va renvoyer la balle de façon classique, mais une raquette en mouvement inverse va la traverser ; la balle va continuer sa course comme si la raquette était immatérielle. Il est par ailleurs possible de bloquer la balle. Il s’agira de l’acculer contre un mur et de se placer au-dessus d’elle ; la balle sera alors bloquée sous la raquette. Vous pourrez ensuite la relâcher en tapant une direction. Cette manœuvre très utile permet de permuter sa trajectoire (de verticale à horizontale et vice-versa).

L’un des grands intérêts du jeu, et l’une des plus belles prouesses de sa réalisation, c’est son scrolling à la Gauntlet.

En effet, je vous ai dit que l’action se déroulait au sein d’une arène close, mais je n’ai pas précisé la superficie de celle-ci. Eh bien, chaque niveau s’étale sur plusieurs écrans, ou plutôt sur un large écran sur lequel on navigue à l’aide d’un scrolling multidirectionnel, fin, rapide et incroyablement fluide pour la machine. Cette caractéristique implique que la balle ne restera pas toujours dans votre champ de vision ; il faudra parfois diriger la raquette sans voir où se trouve la balle, anticiper ses déplacements.

BEAU, BIEN, PRENANT, LONG MAIS AUSSI MÉGA DIFFICILE

Titan est le parfait exemple d’un jeu créatif, bien pensé, et très sérieusement réalisé. Il a d’ailleurs reçu un oscar de l’innovation lors du Consumer Electronics Show de Chicago en 1989.

Ses graphismes sont beaux, quoique très sobres et cubiques, bien colorés (mode 0, 16 couleurs). C’est surtout le scrolling qui mérite un coup de chapeau. Bien sûr, 20 ans après, il est difficile d’apprécier la performance technique, mais à l’époque nombre de magasines ont loué le travail réalisé par Titus. Par exemple, l’écran est adressé en hauteur, ce qui semble extrêmement difficile à programmer en Mode 0. Une technique complexe de compactage et décompactage du décor a été utilisée pour gérer le scrolling. Sans rentrer dans les détails, notamment car ce n’est pas mon rayon, l’équipe de développement a effectué un excellent boulot compte-tenu des possibilités de notre machine 8 bits.

Le soft est surtout incroyablement immersif. Je n’ai jamais été à fond dedans personnellement, mais j’ai connu des personnes ayant passé des journées, des nuits (parfois consécutivement) pour avancer dans ce jeu. Une fois qu’on rentre dedans, on met tout en œuvre pour achever chaque niveau. Des niveaux qui deviennent de plus en plus complexes, de plus en plus stratégiques, pour s’avérer quasiment infaisables.

Malheureusement, le jeu ne prévoit pas de sauvegarde (ou alors je n’ai pas trouvé comment l’activer, car le manuel en parle mais de façon très vague), ce qui est d’un sadisme monstrueux, puisqu’il doit falloir une bonne dizaine d’heures voire plus pour le terminer. Si quelqu’un l’a fini, qu’il m’en fasse part. Utiliser un émulateur me semble obligatoire (heureusement, les sauvegardes sont possibles sans bug avec Caprice par ex.).

Côté points négatifs, outre l’absence de sauvegarde, je citerai une jouabilité un peu trop répétitive (aucune option à choper comme dans les casse-briques classiques), une bande-son minimaliste (pas de musique, des effets très mornes), et le fait que la balle reste parfois coincée, qu’on ne puisse plus avancer, et donc on est contraint de relancer le jeu après avoir sué plusieurs litres pour en arriver là.

RÉSUMÉ

Titan est un excellent jeu de stratégie, même s’il possède un petit côté action. Son principe est original et immersif, il offre un magnifique challenge, malgré une difficulté un peu trop invraisemblable. On regrettera l’absence de sauvegarde et on déplorera peut-être une jouabilité un peu répétitive, mais Titan conserve une superbe réputation auprès de toute une cohorte de fans. Il s’avère un excellent complément à Arkanoid, et est toujours jouable sans problème de nos jours.

17/20, soit euh… allez, 8/10.

Titan