Suite de Renegade sur la même machine, Target Renegade s’inscrit dans la lignée de ce beat’em up envoûtant, beau, maniable et terriblement prenant. Sorti assez tôt sur Amstrad CPC, durant ses années de gloire (1987 et 1988 respectivement) ces deux opus posent les bases de futurs jeux du même genre tels que Double Dragon (qui ne saura d’ailleurs pas faire aussi bien - et nous allons découvrir pourquoi).
Scénario
Le frère de notre héros s’est fait assassiner par des hommes de Mr Big (j’en conviens : scénario classique mais toujours tragique - on ne nous ressert pas le « ma copine a été enlevée » : là, c’est plus grave alors attention !). Une vengeance se prépare et Renegade est prêt à en découdre une nouvelle fois avec toute cette pourriture qui traîne dans les quartiers chauds.
Jouabilité
Votre personnage se meut comme un poisson dans l’eau d’écran en écran (pas de véritable système de scrolling mais les écrans sont relativement spacieux) : les commandes répondent bien, les coups sont portés à une vitesse raisonnable (ce ne sont pas des coups décomposés en deux images qui font que votre héros décoche des coups à la vitesse de la lumière : une certaine inertie dans la décomposition est présente, ce qui n’est pas plus mal). Les coups sont relativement variés - on a gardé ceux du premier opus et on en a rajoutés quelques uns :
coup de poing
coup de pied arrière
coup de pied sauté
attaque avec arme
attaque au sol
coup de genou au contact
Il n’y a pas d’attaques « spéciales » mais, pour l’époque, cette panoplie de coups donne énormément de fun au jeu. A noter que les ennemis peuvent se baisser pour esquiver vos coups de pieds sautés ou vous surprendre par derrière et vous tenir pendant qu’un autre vous rouera de coups (vous pouvez cependant vous libérer en appuyant plusieurs fois sur le bouton d’attaque, ce qui enverra le fourbe au tapis - mais pas pour longtemps). Ils ne peuvent en revanche pas user des coups au corps à corps (chacun ses particularités), mais savent récupérer une arme laissée seule sur le sol (ne JAMAIS vous séparer d’une arme : ils sont redoutables avec et vous êtes bien plus forts lorsque vous en possédez une). De plus, si vous vous précipitez sur un adversaire à terre que vous avez à peine effleuré, il vous enverra balader (ben ouais, quoi : ça me semble logique). On ne peut pas récupérer les motos sur lesquelles ses sauvages vous attaquent (tiens, je me rappelle de cette phase dans Streets of Rage II) mais vous pourrez toujours leur démolir le portrait à coups de satons bien placés dans la gueule !
Vous n’enchaînez pas vos coups à la vitesse de l’éclair, comme je le disais plus haut, ce qui rajoute un peu de challenge (on ne ressent pas cette petite lenteur) car vous devrez énormément vous déplacer pour esquiver les attaques de toute part. Ce qui peut parfois sembler embêtant, c’est lorsque vous êtes encerclés : vos ennemis bougent exactement comme vous, ce qui vous empêche de les déborder pour vous mettre en position d’attaque sans prendre un coup par derrière. Néanmoins, avec un peu d’entraînement, on se rend compte qu’il existe une technique… risquée, certes, mais le jeu serait trop facile, sinon !
Pour rajouter du plaisir au jeu, un mode deux joueurs est possible, contrairement (malheureusement) à son prédécesseur. Les ennemis sont plus nombreux, on peut se taper entre nous, s’entraider (accessoirement), taper du méchant en poussant des hurlements sauvages dans toute la baraque : bref, du grand art et des heures de jeux en perspective !
Le temps vous est compté entre chaque phase de jeu, ce qui ne vous laisse aucun répits d’autant plus que la limitation du temps est parmi les plus strictes que vous rencontrerez dans l’histoire du jeu vidéo - les beat’em up en particulier(surtout au second niveau).
Graphismes et animation
Les graphismes sont assez détaillés (on aurait pu faire mieux, je suis d’accord - mais on aurait également pu faire bien pire) et les couleurs ne sont pas trop criardes mais bien adaptées à l’ambiance et aux décors du jeu (bien que certains trouvent le premier opus meilleur, mais je ne suis pas tout à fait de leur avis tant leurs styles diffèrent quelque peu). Les mouvements sont plutôt bien décomposés, s’enchaînent bien (bien que pas trop rapidement) et la « prouesse » technique tient dans le fait que l’écran de jeu est séparé de l’écran de points/vies/temps par deux modes différents (mode 0 et mode 1 respectivement, ce qui n’est pas possible à faire avec une simple programmation BASIC). C’est un jeu agréable à regarder, d’autant plus qu’il se joue relativement simplement.
Sons et musiques
Les sons sont relativement discrets et pas trop mal arrangés (on passera sur l’effet du vent dans les armes d’attaque qui est assez rigolo) : on ne les entendra que lorsque les coups portés atteindront leur cible. Les musiques sont pas mal du tout et offrent l’avantage de coller à l’ambiance et à l’esprit du jeu (aaaaah, celle du premier niveau), ce qui ne gâche rien, bien au contraire. Il n’y a pas grand chose à ajouter : c’est du (presque) tout bon.
Difficulté et durée de vie
Le jeu peut se terminer en environ une demi heure pour les 5 niveaux à traverser mais, d’une part, il vous faudra plusieurs parties pour prétendre accéder à ce stade et, d’autre part; une fois la partie terminée, vous recommencez au premier niveau avec des ennemis plus coriaces (ils esquivent encore davantage et le jeu se trouve être plus rapide). La difficulté est d’ailleurs relativement bien dosée : le jeu est loin d’être impossible (le terminer deux fois dans la même partie est assez difficile mais on peut y arriver avec de l’entraînement et, mieux, un deuxième joueur !) et la difficulté va croissante : attention à ne pas se laisser déborder (on peut même se faire attaquer par des clébards genre bulldogs) et à gérer un ennemi à la fois. Dans un premier temps, ces derniers seront peu agressifs et n’esquiveront pas les coups de pieds sautés, ce qui est loin d’être le cas au dernier niveau où ils vous encerclent vite fait et où une bonne technique de jeu s’impose.
Même après avoir fini le jeu plusieurs fois, il et toujours plaisant de refaire une partie et d’essayer de battre son record. A deux, la durée de vie augmente encore tant le jeu est addictif ! Je regrette juste le fait que, par rapport à son prédécesseur, les boss de fin de niveau aient disparus.
Résumé et appréciations générales
L’un des premiers et certainement le meilleur beat’em up sur Amstrad CPC (avec son prédécesseur). Il pose à mon sens les bases de nombreux beat’em up de l’époque et à venir. Des graphismes agréables, des musiques appréciées, une panoplie de coups plus qu’honnête, une jouabilité « rien à redire », une durée de vie relativement longue : mais que demande le peuple ? La version ZX Spectrum, bien que moins soignée (et moins colorée) reste néanmoins un bon divertissement dans le genre. La version C64 est plus fine sur tous les points (graphismes plus fun et détaillés, musiques meilleures - C64 oblige) et la version NES me laisse un arrière-goût d’inachevé (pour ne pas dire qu’il est absolument infâme).
C’est donc un must que nous a offert Imagine sur Amstrad CPC.