Développé par L. Hauduc, S. Hauduc, J. Hemonic (Ere Informatique), paru en 1986.
N’ayant jamais joué au premier, je ne ferai que le mentionner en vous disant que le roi Egres IV, qu’il fallait réinstaller sur son trône (ah la la, ces cabinets trop hauts…) dans le premier, eh bien il va falloir le supprimer dans le second !
Synopsis
Egres IV, une fois sur le trône, s’est révélé un tyran, opprimant son peuple et soucieux de son seul confort. Ni une, ni deux : vous vous précipitez vers son château, l’épée vengeresse au poing. Votre mission : occire le triste sire.
Hélas, la force brute ne vous sera ici d’aucun secours. En effet, la ruse seule vous permettra de pénétrer les appartements privés du monarque. De plus il serait vain que vous croyiez pouvoir le pourfendre d’un coup de lame. Vous devrez amasser plusieurs objets durant votre parcours, qui une fois mis ensemble vous donneront de quoi mettre fin aux jours du roi.
Concept
SRAM 2, comme le premier, est un jeu d’aventure à texte. Toutes les commandes s’effectuent à l’aide d’une ligne de texte que l’on tape en fonction de ce que l’on souhaite accomplir. Point ici de point and click ; d’ailleurs pas de souris. Si vous voulez ouvrir une porte, il faut taper « Ouvrir porte ». Vous voulez grimper à une échelle ? Tapez « Grimper à l’échelle ». Vous voulez prendre, jeter, soulever, donner, appuyer… ? Eh bien vous devez le taper.
Petit aparté : en bon sale gamin que j’étais à l’époque, j’ai bien entendu tapé des gros mots et autres insanités pour rigoler. Eh bien, ce jeu présente un aspect éducatif d’importance puisqu’il vous envoie à la poubelle (avec le récipient ad hoc débordant de détritus à l’écran) après quelques avertissements. Si vous voulez en sortir et revenir au jeu, il faut présenter ses excuses !!! Une touche bien vue et très sympa de la part des programmeurs.
Les déplacements basiques sont aisés à réaliser puisqu’il suffit d’employer les touches de direction correspondant aux quatre points cardinaux. Pour les escaliers, etc., une petite ligne de commande s’impose.
Un aspect important – et novateur pour l’époque – est l’incidence du temps sur le déroulement du jeu. En effet, certaines actions ne peuvent être effectuées qu’à certains moments de la journée (ou de la nuit), comme par exemple se rendre dans le magasin.
On constate quelques anachronismes (présence d’un extincteur, d’un ascenseur, de jumelles payantes, d’un téléphone, de cartes postales, etc.) dans une aventure sensée se dérouler au Moyen-Age ; preuve s’il en est qu’on ne se prenait pas trop au sérieux à l’époque. Le nom du dragon présent dans le château est à ce titre amusant : Gédéhef. Vous avez compris ? Non ? Ben… GDF, quoi ! Dragon. Qui crache du feu. Gaz. GDF… hem, oui, bon !
Sachez que si vous demeurez dans un même écran un moment, un message vous avertissant qu’une odeur de soufre semble planer s’affichera. Ça signifie que la grande faucheuse traîne dans les parages et qu’il est bon d’aller voir ailleurs si elle y est.
Réalisation technique
SRAM 2 est une succession de tableaux absolument immobiles. Rien ne bouge, même pas la nana à poil dans son bain (ça fait tellement longtemps… c’était sûrement un de mes premiers émois pubères). Il n’y a vraiment que lorsque vous vous emparez d’un objet que celui-ci quitte sa position pour, après moult déplacements alambiqués tout autour de l’écran, rejoindre votre inventaire.
Les couleurs sont en nombre suffisant et judicieusement choisies pour donner une image agréable à regarder et bien lisible (vu que certains écrans contiennent des objets nécessaires à l’aventure). On note aussi que les teintes changent lorsque la nuit tombe, tout devenant plus sombre. Encore une fois, ce genre de choses n’était pas monnaie courante en 1986.
Les graphismes présentent une pixelisation importante.
Point de vue musiques, c’est le néant total (sauf à l’écran-titre). Niveau bruitages, idem, mis à part le bruit de courant d’air ou le cri du dragon.
En bref
La société Ere, fondée en 1983, fut rachetée par Infogrames en 1986. Quelques jeux sortiront aussi sous le label Exxos, avant que d’anciens employés créent en 1989 Cryo Interactive. Une aventure fort brève mais qui a laissé une empreinte durable dans le paysage vidéoludique hexagonal, et sans doute même au-delà (je suis Belge et j’en parle).
SRAM 2 (comme je pense son prédécesseur) a marqué l’Amstrad CPC, et montre aussi que la France était loin d’être manchote en matière de conception de jeux. Un bon jeu qui sortait des sentiers battus et qui mériterait peut-être une adaptation moderne, mais est-ce vraiment réaliste ?
Un dernier mot concernant la durée de vie. Il est bien entendu que SRAM 2 ne prend guère plus de vingt minutes pour être terminé (lorsqu’on l’a déjà terminé, sinon on peut mourir quelques fois avant). Son intérêt aujourd’hui tient à mon avis dans son caractère résolument unique et, bien sûr, nostalgique. Le genre de jeu qu’on se refait pour la énième fois lorsqu’on a un peu de temps à tuer, et qui permet pour quelques instants de se replonger avec délice dans ces années quatre-vingt déjà si loin.
Verdict : 8/10
En bonus, une interview d’un des concepteurs du jeu, Serge Hauduc : http://www.phenixinformatique.com/modules/smartsection/item.php?itemid=19