Bienvenue dans un univers de magie, de sorciers et de monstres. Sorcery + est le deuxième opus de la série des Sorcery. En réalité, il est constitué de deux jeux : le premier Sorcery, sorti en 1984, édité par Virgin et adapté sur de nombreuses machines (C64, Atari, ZX Spectrum) et d’un niveau supplémentaire (édité par Amsoft et Virgin pour la version CPC) dont le but est différent du premier.
Anecdote amusante : l’équipe de programmeurs s’appelait « The Group of Six » à la sortie du premier opus mais « The Group of Five » à la sortie du second.
Scénario
Vous incarnez un sorcier (bien qu’avec ces habits roses, on vous prenne d’avantage pour une sorcière) qui doit voler au secours de ses huit compagnons retenus contre leur gré par des vilains pas beaux. Pour cela, vous devrez retrouver les objets magiques nécessaires pour ouvrir chacune des portes de leurs prisons. Dans un deuxième temps, une fois cette première mission réussie, vous devrez retrouver les quatre coeurs d’or afin de terrasser le terrible nécromancien, source de tous vos maux.
Un scénario simple, certes, mais nous sommes en 1985 et le jeu recèle bien d’autres qualités (d’autant plus que dans beaucoup de jeux d’aujourd’hui, le scénario n’est pas plus complexe).
Graphismes et animation
En 1985, c’est une grosse claque. Les graphismes sont colorés et relativement bien détaillés. De plus, les sprites sont plutôt gros. L’animation est très fluide pour l’époque et le nombre de sprites pour décrire les mouvements des différents éléments du jeu sont plutôt élevés. Sorcery et Sorcery + font partie de ces jeux grandement appréciés à l’époque qui feront vendre beaucoup de machines Amstrad CPC. Les monstres, les objets, les sorciers, les décors, etc. les programmeurs se sont appliqués à rendre ce jeu très plaisant graphiquement.
Jouabilité
Nous avons de beaux graphismes. Et la jouabilité ? Presque parfaite : le sorcier répond au doigt et à l’oeil et les programmeurs ont cru bon de lui rajouter une petite inertie lorsque ce dernier change de direction (ce qui rajoute à la difficulté du jeu), de même que pour les monstres qui vous poursuivent.
Le jeu se joue tableau par tableau avec un système de portes, et votre sorcier se déplace en volant tout en étant soumis au phénomène de gravitation (lâchez le joystick et votre sorcier tombe). Votre sens de l’orientation ne vous servira pas à grand chose car prendre une porte en dessous d’une autre ne signifie pas que vous allez vous retrouver dans le tableau du dessous. Ainsi, on peut rapidement se perdre lors des premières parties. Mais cela rajoute à la durée de vie (et à la difficulté) du jeu.
Vous serez aidé dans votre quête par divers objets qui vous permettront d’ouvrir des portes ou de tuer des monstres. Chaque créature peut être tuée par une seule ou plusieurs armes spécifiques. Le petit bémol vient du fait qu’il est parfois extrêmement difficile de passer par certains endroits car l’eau est juste en dessous de vos pieds : un plongeon = une mort par noyade (comme dans la plupart des jeux, les héros ne savent pas nager - on n’a qu’à dire que l’eau est polluée et remplie de piranhas mutants qui vous bouffent en une demi seconde). C’est parfois frustrant car vous devrez reprendre votre partie à zéro.
Lorsque votre sorcier change de tableau, vous avez un temps de latence relativement bref (j’ouvre et je ferme la porte) afin de visualiser rapidement le tableau dans lequel vous vous trouvez ce qui devrait vous aider à éviter les désagréments du style ‘je tombe à la flotte et me noie’ (game over !). De ce fait, le joueur doit être constamment sur ses gardes lorsqu’il change de tableau.
Vous devrez mener à bien votre mission avant que votre grimoire ne disparaisse (c’est le sablier du jeu). Pour vous aider à recharger les batteries (on vous donne 100% d’énergie mais aucune vie - le jeu se veut réaliste, on dirait) vous trouverez disséminées ça et là des chaudrons remplis de potion. Mais comme les programmeurs sont des pervers, certains chaudrons (de manière totalement aléatoire suivant la partie) seront remplis de poison et vous causeront bien des dégâts.
En bref, ce jeu est agréable à jouer et maniable la plupart du temps.
Sons et musiques
Les sons sont épurés et relativement simples. Entendez par là (c’est le cas de le dire) que vos oreilles seront rarement agressées. Pour ce qui est des musiques, et c’est là un grave défaut, il n’y en a pas (sauf à la page d’introduction). Je vais donc vous faire les même suggestions que pour Cauldron II (pub : allez donc lire le test) : choisissez un CD rempli de musiques d’ambiance plus ou moins macabres comme la Toccata de Bach. Ambiance garantie !
Difficulté et durée de vie
Comme nous l’avons vu dans la partie dédiée à la jouabilité, la difficulté du jeu nous vient de partout : des potions empoisonnées, une inertie du mouvement, des monstres à la pelle, un sorcier qu’il faut parfois manier de manière précise, de l’eau partout, etc. Cependant, cette difficulté est très bien dosée : des potions bénéfiques, des monstres qui ne reviennent jamais une fois éliminés (énorme plus à la ‘crédibilité’ du jeu), un maniement simple et efficace, des armes destructrices en plus des armes simples, etc.
Le jeu n’est pas considéré comme infinissable, à l’inverse d’autres jeux que l’on pouvait rencontrer à l’époque. Et c’est bien là ce qui fait son charme : la durée de vie est très grande mais on n’a pas l’impression de se lasser puisqu’à chaque nouvelle partie, on va plus loin dans la quête. Le jeu est accessible à tous ! Dommage qu’il n’y ait pas de système de sauvegarde car il faudra bien deux heures pour le finir. Mais bon… après tout, deux heures, c’est pas si long.
Résumé et appréciation générale
Vous l’aurez deviné, ce jeu est très divertissant. Tant par son gameplay que par ses graphismes, il constitue à mon sens un must dans l’histoire des jeux vidéos. On pourrait en refaire une réédition aujourd’hui sous une version améliorée qu’il ne perdrait pas de son charme.
Il me semble que la version Amiga avait déçu les amateurs de cette plate-forme. Ce n’est pas le cas de la version CPC. Je le conseillerais à tous les nostalgiques de ces jeux qui innovaient à leur sortie. Il ne faut pas avoir peur de la date d’édition du jeu car nombreux sont ceux qui, développés plus tard, furent beaucoup moins bons.
Il aurait mérité 10 si une musique de qualité avait été présente (qui aime bien châtie bien, non ?)