Développé par Mr Micro et édité par Amsoft en 1984.
Ce jeu serait inspiré d’un spectacle de marionnettes appelé Punch & Judy, tirant ses origines dans la commedia dell’arte du XVIe siècle et connu dans les régions francophones sous le nom de Polichinelle ou encore Guignol. Punch est un bouffon bossu qui décide de tuer son bébé ; sa femme Judy le frappe avec un gourdin pour l’en empêcher, avant que Punch ne lui arrache le gourdin et la tue, puis se débarrasse des deux cadavres, ce qui attire l’attention d’un policier. La suite est bien plus philosophique, cynique, et pose la question de la moralité, Punchy étant un personnage que l’on « adore détester ». Un chouette point de départ… (J’ai toujours trouvé qu’il y avait quelque chose de malsain dans les sourires figés et carnassiers de certaines marionnettes…)
Il fait des bonds, il fait des bonds !
Semble-t-il copié du jeu d’arcade Hunchback (bossu en français), Punchy est un jeu de plates-formes proposant seize niveaux d’un tableau chacun, se déroulant apparemment dans un décor de théâtre, donc. On y incarne un personnage bedonnant nommé Bobby (en fait, vu son képi typique, il doit s’agir d’un de ces policiers londoniens) devant traverser l’écran de gauche à droite avec une limite de temps afin d’atteindre un landau situé de l’autre côté, tout en bondissant au-dessus de trous de largeur variable et en évitant des projectiles (tomates pourries ?), en se baissant s’ils sont au niveau de sa tête, ou en sautant lorsqu’ils sont au niveau de ses pieds.
Les trous à franchir peuvent consister en plusieurs petits successifs ne nécessitant qu’un saut, ou un large avec une plate-forme mobile sur laquelle on devra prendre place. Parfois un ennemi (Punch, vraisemblablement) apparaît successivement dans les trous au fur et à mesure qu’on les franchit, en brandissant sporadiquement une épée qui peut nous atteindre si on se trouve juste au bord.
Certains petits objets volants peuvent être attrapés (après une énième lecture « inter-netesque », il s’agirait de saucisses volantes !), qui viennent s’ajouter à une fenêtre en haut de l’écran, et qui serviront à effectuer une sorte d’accélération fulgurante indispensable pour franchir un grand gouffre sans plate-forme (et avec deux fantômes) dans l’un des tableaux. Je ne pense pas qu’il soit possible de les franchir d’une autre manière.
Réalisation technique
Visuellement, Punchy reste dans la moyenne des jeux CPC de l’époque, c’est-à-dire qu’il propose des graphismes basiques et pixélisés mais colorés vivement et suffisamment lisibles. En même temps le fond est tout noir, et il n’y a pas grand-chose de mobile à l’écran hormis le héros, les projectiles et une bande de nuages défilant en haut de l’écran (et, dépendant du tableau, des ennemis possédant 2 animations à tout casser, comme des têtes de crocodiles et Punch), le reste n’étant que des décors statiques. On observe des clignotements de temps à autre, en particulier lorsque Bobby croise la trajectoire d’un projectile. L’animation générale est rudimentaire.
Ceci dit, si je ne l’avais pas lu sur la toile, je n’aurais pas capté que l’ennemi à l’épée était en fait un bouffon ; j’avais toujours pensé qu’il s’agissait d’un pirate genre le capitaine Crochet (on n’avait pas encore Pirates des Caraïbes comme référence culturelle à l’époque). Et je ne me souviens pas non plus avoir identifié le décor comme un théâtre… mais j’avais à l’époque un écran monochrome (cfr la capture toute verte dans le GIF d’illustration), ceci expliquant peut-être cela. Bref, c’est à vous de faire travailler votre imagination ! On est en 1984, ne l’oublions pas.
Point de vue sonore, il n’y a pas de musique sauf une sorte de petite mélodie à la fin de chaque tableau, et en fin de jeu. Le personnage émet des bruits de pas tout à fait représentatifs de la machine (qui me font penser à une version comique du thème principal des Dents de la Mer), ses bonds produisent un autre bruit amusant, et ses collisions avec des projectiles produisent un terrible « krrrrrr » ! Ça s’arrête là, mais c’est rigolo.
Par contre la jouabilité est raide au possible ; faire se retourner Bobby comme l’on souhaite (et dans le feu de l’action) demeure délicat et on n’a aucun contrôle lors des sauts, donc il s’agit d’avoir déjà quelques parties dans les pattes pour bien anticiper à quel moment déclencher un saut, pour atterrir correctement sur la plate-forme ou éviter un projectile tout en attrapant une des saucisses nécessaires au passage du gouffre aux fantômes. On peut s’accroupir avec le bas du joystick.
On notera quand même un contraste flagrant entre des tableaux très simples, sans trous et s’apparentant à une promenade de santé, et d’autres qui provoquent des sueurs froides.
En bref
Héritage d’un passé révolu, assez technique, Punchy demande au joueur de connaître par cœur les endroits où apparaissent les projectiles, leur situation dans l’espace (au ras du sol ou au niveau de la tête) et leur direction, les mouvements de la plate-forme et ceux de Punch lorsqu’ils sont présents, afin de savoir où s’arrêter, quand retourner en arrière avant de repartir vers l’avant, etc. Pas de place à l’improvisation donc. Il n’en reste pas moins un jeu très limité, très ardu du fait de sa maniabilité raide, et au final pas très intéressant sur le long terme.
Verdict : 5/10