Head Over Heels est un jeu vidéo CPC publié par Oceanen 1987 .

  • 1987
  • Aventure

Test du jeu vidéo Head Over Heels

4.5/5 — Exceptionnel ! par

Développé par Ocean Software Ltd., édité en 1987.

Non, Head Over Heels n’est pas uniquement une chanson d’Abba sortie en février 1982 (une de leurs dernières). C’est aussi le nom d’un jeu qui, foin de suspense, est fichtrement bon. Je m’en vais de ce pas essayer de vous en convaincre, chers lectrices et lecteurs.

Scénario

Le sombre empereur Blacktooth (Dentnoire en français), en plus de la planète éponyme sur laquelle est installée son château, a réduit en esclavage les quatre planètes de Penitentiary, Safari, Book World et Egyptus (toutes renommées par ses soins, je pense… vous comprenez immédiatement l’impérieuse nécessité de lui botter les fesses dès que possible).

Par peur d’être la suivante sur la liste et pour tenter de déclencher un soulèvement des populations opprimées, la planète Freedom (Liberté) envoie deux espions sur Blacktooth. Las, ceux-ci se font capturer et jeter en prison. Ça commence fort !

Votre but en tant que joueur est donc de vous évader, rejoindre la base lunaire en orbite, à partir de laquelle vous pourrez vous téléporter sur chacune des planètes précitées, et donc fomenter une rébellion contre le pas gentil Carriesombre. Heu… pardon ! Dentnoire… Avant de rentrer en vainqueur sur Liberté, j’ai écrit ton nom sur le sable, bla bla bla.

Maintenant que les bases sont posées, passons outre ce scénario somme toute peu original, et entrons dans le vif du sujet.

Individualisme forcené ou travail d’équipe calculé ?

« The » particularité de Head Over Heels réside dans ses protagonistes. Ou son protagoniste. Enfin… ça dépend.

Vous débutez la partie avec vos deux lascars dans les geôles du château de l’empereur. Vous êtes dans la même pièce, mais une grille vous sépare. De chaque côté, une issue s’offre à chacun (quelle prison !).

Quel intérêt, me direz-vous ? Autant prendre l’un des deux et tenter de s’en sortir, tant pis pour l’autre. À moins qu’il ne faille absolument que les deux soient présents à la fin ?

Eh bien, l’intérêt est le suivant : nos deux amis (oui, ils sont de notre côté donc ils sont des amis…) sont différents dans leurs aptitudes particulières. Head (Tête) peut bondir bien plus haut que son compère, contrôler sa direction en l’air, et envoyer des beignets (Doh !) pour paralyser les ennemis.

Heels (Chevilles, mais traduit par « Jambes » dans la notice) est, lui, capable de se déplacer sur le sol bien plus rapidement, grimper les escaliers et porter des objets (une fois le sac ad hoc déniché).

Il est loisible de permuter de l’un vers l’autre à tout moment.

Ainsi, chacun de son côté pourra faire son petit bonhomme de chemin. Mais jusqu’à un certain point. Et c’est là que ce jeu devient brillant : Head et Heels peuvent en effet combiner leurs efforts et fusionner ! Oui, avant Dragon Ball et les Super Saiyans, ou Station dans Bill and Ted’s Bogus Journey, nous avons Head over Heels (littéralement : Tête sur Chevilles). Ils combinent ainsi leurs points forts respectifs tout en éliminant leurs défauts.

Bien entendu, cette combinaison va rapidement s’avérer indispensable pour résoudre les – nombreux – pièges, énigmes, et passages déconcertants. Mais ils ne pourront demeurer unis pour le reste du jeu : de nouvelles situations requerront qu’ils se séparent à nouveau, jusqu’à la prochaine fois. Cet aspect (et sa maîtrise par le joueur) est véritablement le moteur du jeu.

Exploration

Un rapide coup d’œil aux captures d’écran vous donnera une idée de ce à quoi il faut s’attendre : un labyrinthe. Non seulement il faudra essayer de ne pas se perdre (il est conseillé de dessiner le plan au fur et à mesure que vous progressez), mais il sera souvent nécessaire de revenir plus tard dans des salles déjà visitées, tout simplement parce que vous n’aviez pas le personnage le plus indiqué pour franchir tel ou tel obstacle. Ou peut-être vous faut-il les deux ?

Parmi les situations que vous rencontrerez, citons les tapis roulants qui vous entraînent sournoisement vers de mortels appareils, les objets volants (tabourets par exemple) qui vous serviront d’ascenseurs, les ressorts qui remplissent à peu près le même office, les téléporteurs qui vous téléportent (oui, je suis fatigué…), les salles dont tout contact physique avec le sol vous détruit, vous obligeant à utiliser des objets disposés sur le pourtour de la pièce comme plates-formes, les interrupteurs qui activent / désactivent un robot ou déplacent tout autre dispositif, etc.

Ajoutons quelques ennemis parfois embêtants, sans oublier les bonus disséminés çà et là : poissons qui donnent une vie en plus, beignets à utiliser comme armes – par Head seulement, et s’il a trouvé le klaxon, lapins empaillés qui procurent des améliorations, sac pour porter des objets – utilisable par Heels uniquement, Hush Puppies (bestioles immobiles qui disparaissent dès que Head entre dans la pièce où ils se trouvent), sans oublier les couronnes, une par planète (exception faite de Blacktooth), symboles des libertés perdues et que vous devrez collecter toutes les quatre pour terminer le jeu… qui est très long, complexe et souvent prise de tête !

Et techniquement ça donne quoi ?

Head Over Heels se présente sous l’aspect d’une fausse 3D, appelée aussi isométrique (ce qui le rapproche de Batman ou Gunfright, pour n’en citer que deux). Les graphismes sont très beaux, extrêmement détaillés et donc lisibles.

Les couleurs sont discrètes mais participent à l’ambiance générale, très agréable et gaie malgré des passages ardus par endroits. Elles peuvent être plutôt fort colorées (avec des bleus et des rouges assez vifs) ou plus sombres et neutres, avec des verts et bruns – enfin je crois… je suis daltonien !), voire des teintes jaunes pâles, beiges (après tout, zieutez donc les captures, elles sont plus éloquentes que moi).

La jouabilité est exemplaire, fluide. Un petit temps d’adaptation est nécessaire pour bien prendre les personnages en main (notamment dans les sauts qui devront souvent être millimétrés), individuellement ou les deux ensemble.

D’un point de vue sonore, on dispose de bruitages correspondant bien au visuel du jeu (c’est-à-dire plutôt loufoques et joyeux). La musique, par contre, est absente hormis en quelques rares occasions.

En bref

Ce jeu a indubitablement marqué son époque ; il suffit pour s’en convaincre de taper Head Over Heels dans un moteur de recherche et d’aller lire ce qu’on en dit sur la toile.

Il combine magistralement une grande qualité graphique, une maniabilité quasi-irréprochable, un concept original et très bien pensé (la collaboration des deux personnages pour avancer dans le jeu) et, reconnaissons-le, une difficulté pas piquée des hannetons. En effet, l’univers à explorer est gigantesque, et les énigmes sont par moments vraiment ardues.

Verdict : 9/10

Head Over Heels