Il existe des gens qui n’ont pas peur de faire des jeux de mots foireux dans leurs titres de jeux vidéo. Konami en est un exemple avec « Rush’n Attack » (lire « Russian Attack », qui se traduirait par « L’Attaque Russe »). Heureusement Imagine, l’éditeur pour les adaptations sur micro-ordinateurs personnels, a eu le bon goût de modifier le titre en « Green Beret ».
C’est un jeu hybride entre plates-formes et tir avec une vue de profil. Le joueur contrôle un marine américain ayant pour mission de délivrer des prisonniers de guerre. C’est tout pour le background car le jeu fait la part belle aux gros pixels, au timing millimétré et à l’apprentissage ‘par coeur’ des niveaux. Un bon petit challenge typiquement eigthies.
Le pont de la rivière Kwai
Après un petit chargement et un écran-titre plutôt sobre, on lance une première partie. Notre marine commence par traverser ce qui ressemble à un camp militaire dans un grand bruit d’alarme. Puis il se retrouve dans une zone de stockage de missiles, et c’est là que le jeu commence. Le joueur part à l’assaut des lignes ennemies avec pour seule arme son valeureux couteau. Ce couteau, maintes fois mis en avant dans tout bon film de guerre à l’américaine, compagnon de jeu de grands bruns ténébreux à l’humour toujours caustique, servira à pourfendre de vils soldats à la solde du méchant communisme. Pendant ce temps-là en France, l’arme de guerre ultime c’est le rire et le ridicule. Heureusement que vous allez pouvoir récupérer quelques armes bien utiles, comme un bazooka, un lance-flammes ou des grenades. Toutes ces armes seront évidemment en quantité limitée… très limitée.
On a retrouvé la septième compagnie
Nous en étions donc au début du jeu : la zone de stockage de missiles. Pour tout vous avouer, on a du mal à reconnaître des missiles. On y arrive en se forçant un peu ; après tout, les graphismes sont datés mais plutôt corrects. Le logiciel pèche davantage au niveau des animations, plutôt minimalistes et un peu étranges. On a souvent l’impression que notre personnage tient en équilibre dans des positions inconfortables, mais il s’en sort toujours, tel un danseur étoile. Sa technique de saut peut notamment faire penser à une publicité pour « Hollywood Chewing-gum ». Green Beret n’est pas pourvu d’un défilement continu, ce qui nuit légèrement à la jouabilité mais permet une animation parfaitement fluide et assez rapide. Le tout est agrémenté d’une petite musique, la seule de tout le jeu, très entraînante. Les bruitages sont réduits au strict minimum mais ne sont pas scandaleux.
Apocalypse Now
Green Beret comporte quatre niveaux : la zone de stockage de missiles, un port, un pont et un camp soviétique. Cela peut sembler peu, mais quand on découvre la difficulté du jeu cela semble suffisant. Au bout de quelques parties, on a l’impression de se retrouver face au versant nord de l’Everest. Le jeu est extrêmement difficile et ne fait pas seulement appel à votre dextérité. Les deux principales qualités pour avancer sont le timing et la capacité à apprendre un niveau par coeur. Le gameplay est typique des années 80 et aucune place n’est faite à l’improvisation. Gardez cependant votre inventivité, qui vous permettra de passer certains obstacles.
Vos ennemis sont uniquement constitués de fantassins, bien souvent armés de vestes probablement enduites d’un poison létal, car le moindre contact est mortel. Quelques ennemis sont armés de fusils, tandis que d’autes sont experts en arts martiaux. Une dernière variété d’antagonistes, transportant des armes mais ne s’en servant pas (Steven Seagall serait fier d’eux), vous permet de récupérer de l’équipement. Le joueur est équipé pendant 80% du jeu de son couteau, et l’armement supplémentaire est un vrai soulagement. Le combat à l’arme blanche est très dur car il demande un timing précis, et il n’est pas rare de frapper vos ennemis trop tôt ou trop tard. Ajoutez à tout cela un nombre copieux d’adversaires, se déplaçant à travers les écrans à l’aide d’une IA limitée mais suffisamment vicieuse, et vous obtenez une bonne petite dose de frustration.
La grande vadrouille… Mouais
Green Beret est un jeu difficile, qui peut s’avérer frustrant dans un certain nombre de cas, et ce ne sont pas les vies supplémentaires, au nombre de cinq, qui aident. Ce logiciel n’est cependant pas mauvais ; les graphismes et les animations sont corrects pour l’époque, le jeu est plutôt bien adapté compte tenu de la puissance du CPC et la jouabilité est presque honnête. Le problème se situe ailleurs : le jeu est aussi gratifiant qu’une séance de vaisselle, répétitif et sans surprise. À la fin de chaque niveau, au lieu d’affronter un boss amusant, vous aurez droit à une ultime salve d’ennemis. Seul un niveau contient une sorte de gardien final, et celui-ci est inintéressant. Les fantassins adverses ne sont pas très variés, et seul le positionnement vicieux de plusieurs ennemis arrive à renouveler l’expérience de jeu. À l’époque, les joueurs pouvaient passer du temps sur ce jeu car il n’est pas fondamentalement mauvais. De nos jours, il vaut mieux passer son chemin.