Requin Volant
Pour commencer ce test, je vais vous parler de moi, ou plutôt de mes goûts en matière de jeux vidéo. S’il y a un genre que je trouve ennuyeux au possible, c’est le shoot them up. Ces jeux de tir m’ont toujours, pour la plupart, procuré autant de plaisir qu’une visite chez le dentiste…
Maintenant que je vous ai dit cela, regardez la note que je donne à Flying Shark. Cela devrait vous donner une idée de la qualité de ce shmup.
C’est un requin ou une 4L ?
Le scénario est très simple : vous êtes Ron Scheider et, à bord de ‘Flying Shark’, votre fidèle biplan dernier cri (euh…), vous allez partir seul affronter des hordes et des hordes d’ennemis… Des centaines, liguées contre vous, et vous allez me buter tout cela ! Oui ! À vous tout seul !
Et vous voilà donc parti courageusement (stupidement ?) semer la mort et la destruction, en laissant derrière vous une horde de veuves et d’orphelins éplorés. Et tout cela au nom de la liberté et de la justice… ou du plaisir personnel du héros, le scénario ne le dit pas.
Requin Billy
Les commandes de votre avion sont simples : la manette vous permet de vous déplacer, le bouton de tir de tirer. De plus, si vous maintenez ce dernier enfoncé pendant une seconde, vous utilisez une de vos trois bombes, qui vous permettent de nettoyer l’écran des ennemis.
Le tout est simple, sobre et efficace : votre biplan répond au doigt et à l’œil et c’est un bonheur de le piloter.
Je vais m’étendre rapidement sur les bombes : il y a un petit temps de latence entre le moment où l’on veut en utiliser une et celui où elle se déclenche. Un peu surprenant au début, ceci oblige à anticiper les moments où elles sont nécessaires. De plus, lorsque vous les utilisez, votre position sur l’écran de jeu est importante : seuls les ennemis se trouvant plus haut que votre avion seront détruits… donc, les déclencher lorsque vous êtes au milieu de l’écran n’est généralement pas une bonne idée, puisque les méchants derrière vous pourront continuer à vous canarder joyeusement.
Pow de Requin
Un bon shoot them up se doit d’avoir des bonus. La première chose que l’on remarque c’est que, de ce côté, Flying Shark se contente du minimum syndical ; certains ennemis laissent des cubes bonus en mourant : passez dessus et le bonus écrit sur ce cube est à vous.
Ces bonus sont au nombre mirobolant de… euh… quatre… dont un n’affectant pas le jeu. C’est peu.
Paradoxalement, les moins utiles sont les plus difficiles à prendre : il s’agit de points bonus. Ceux-ci restent peu de temps à l’écran, et ne valent généralement pas le risque qu’il faut prendre pour les obtenir.
Les deux suivants vous donnent respectivement une vie et une bombe supplémentaire. Ce qui est toujours utile.
Le dernier bonus, quant à lui, augmente votre puissance de feu. Au début, vous partez avec un tir tout simple. Avec un bonus de ce type, vous vous mettez à tirer deux missiles vers l’avant, permettant de couvrir plus de zone. Et enfin, avec un troisième bonus, vous tirez trois coup simultanément, couvrant, vous l’avez deviné, une plus large zone à longue portée.
Donc oui, c’est peu, mais c’est suffisant, et le jeu est « intelligent » dans le sens où, lorsque votre tir est à la puissance maximum, il ne vous refourgue pas d’autres bonus de tir qui ne vous serviraient à rien.
Cette grande quantité de bonus a un avantage : en cas de mort prématurée vous repartez avec votre tir de base, mais il n’est pas difficile de le remettre à niveau.
Le requin est un loup pour l’homme
Le jeu se déroule de manière très simple : vous décollez d’une base militaire, détruisez tout sur votre chemin, puis atterrissez sur une autre base se situant au bout du niveau, où votre soute de bombes est à nouveau remplie. Puis vous redécollez pour un nouveau niveau, puis un autre, et encore un, jusqu’à ce que mort s’ensuive.
L’action est vue du dessus et un scrolling vertical vous permet d’avancer dans les différents niveaux.
Parlons-en d’ailleurs, des niveaux. Au nombre de cinq, ils tournent en boucle. Chacun apporte un petit plus par rapport au précédent : ainsi, si dans le premier vos seuls ennemis seront des avions et des tanks, dans le second vous croiserez des navires de guerre munis de batteries DCA. Lorsque vous penserez avoir tout vu, vous aurez la surprise de vous faire attaquer régulièrement par derrière, ce qui fera que la meilleure position pour tout détruire (le bas de l’écran) deviendra très dangereuse.
Il n’y a pas de boss de fin à proprement parler, mais à intervalles irréguliers des tanks ou des avions géants et ultra résistants viendront vous chercher des noises. Si les premiers rencontrés ne sont pas durs à vaincre, cela se complique au fur et à mesure du jeu, car leur résistance et leur cadence de tir augmentent.
La technique du requin
Que dire de Flying Shark d’un point de vue technique ? Eh bien, comme pour les bonus, c’est peu mais suffisant.
Le jeu est en mode 1 (des graphismes relativement fins mais utilisant seulement quatre couleurs), avec une fenêtre de jeu relativement petite.
De par ce choix on a des graphismes assez fins, au détriment d’une visibilité sans faille. En effet, les joueurs débutants auront beaucoup de mal au début à distinguer les missiles adverses, dont la couleur se marie harmonieusement, hélas, avec la couleur principale de l’écran de jeu. Néanmoins, au bout d’un moment on s’habitue à ce monde quasi monochrome, et éviter les missiles ennemis ne présente plus un problème.
Au niveau jouabilité, deux mots à dire : simple et exemplaire. L’avion répond au doigt et à l’œil, les collisions sont très bien gérées et on peut négocier des esquives au pixel près. La mort vient toujours d’une erreur du joueur… du moins une fois que celui-ci a appris à repérer les tirs ennemis.
Par contre, au niveau sonore c’est la cata. Une musique très moche au début et un « vrrrrrrrr », censé simuler le moteur d’avion, lors du jeu. Pas de quoi se pâmer. Néanmoins, malgré sa faiblesse sonore, Flying Shark ajoute un petit détail sonore amusant, à défaut d’être utile : lorsque vous vous déplacez, chaque fois que vous changez de direction, le régime du moteur s’altère un peu avant de revenir à la normale. C’est un effet bas de gamme mais qui apporte quand même un petit chouïa d’immersion.
Tout ça pour ça
Graphismes : Pas très colorés mais agréables à regarder quand même. Tout est bien visible, même si les tirs adverses demandent un certain temps d’adaptation pour être vus clairement.
Son : La cata, même si le petit effet du moteur d’avion est amusant.
Animation : Excellente, même si elle est un peu lente.
Difficulté : Vous aurez un peu de mal au début, mais très rapidement vous serez capable de faire le tour des cinq niveaux au moins une fois.
Richesse : Flying Shark a privilégié la qualité à la quantité. Peu de choses, mais des choses extrêmement bien faites. Un regret : même si un mode « deux joueurs » existe, il s’agit de jouer l’un après l’autre et non pas simultanément.
Scénario : Euh… « Tuez-les tous », c’est un scénario, ça ? Pour l’époque, oui.
Ergonomie : Excellente à la manette, horrible au clavier, les touches étant situées n’importe comment et n’étant pas redéfinissables.
Longévité : Si vous aimez le genre et si vous n’êtes pas rebuté par les graphismes de l’Amstrad, il vous tiendra en haleine un bon moment.
En bref : Une conception simple mais efficace et une excellente jouabilité font que même maintenant, Flying Shark est toujours agréable à jouer.
J’ai réfléchi à pourquoi, moi qui ne suis pas fan de ce genre de jeu, j’apprécie Flying Shark. Je pense qu’il s’agit de la même raison pour laquelle un vrai fan de shoot them up ne l’apprécierait pas tant que cela : sa simplicité. Passé cinq minutes on connaît toutes les manœuvres et les bonus. Mourir n’est pas très pénalisant et on récupère les bonus perdus rapidement.
Même si le terme n’existait pas à l’époque, on peut dire de nos jour que Flying Shark est un casual shooter.