Développé par Technos, édité par Virgin Mastertronic, 1988.
LA LÉGENDE DÉBARQUE SUR CPC
Le légendaire Double Dragon de Technos, pionnier du beat them all, a été adapté de la borne d’arcade à quasiment tous les supports existants à la fin de nos si belles années 80. Les heureux possesseurs ou amis de possesseurs d’Amstrad CPC 6128 ont ainsi eu le grand bonheur de découvrir l’exquise saveur du matraquage de loubards à coups de batte, le cul bien rivé sur la chaise de leur bureau.
L’adaptation n’a pas recueilli que des honneurs, et bien que DD soit généralement moins considéré qu’un Target Renegade, par exemple, il est l’un de mes jeux préférés.
LE PIED OU LE POING
Autant être clair, ce qu’on demande à un portage de l’un de vos jeux favoris, c’est de ressembler à son modèle, de procurer les mêmes sensations. Il s’avère que Double Dragon sur CPC est une adaptation très fidèle du titre d’origine.
Le level design a été complètement repris, le gameplay et la palette de coups sont identiques, les armes sont toujours là, le mode 2 joueurs en simultané aussi, tout va bien. Seul le thème musical diffère et est propre à l’Amstrad, mais il est franchement tout aussi culte que celui de l’arcade.
L’aventure s’étend sur 5 niveaux, contre 4 dans la plupart des versions. La raison en est que l’interminable niveau 3 a été fractionné en deux. On a donc la rue, la fabrique, la forêt, l’escalade vers la forteresse ennemie et enfin, ladite forteresse. On peut se servir à loisir des obstacles du décor (trous, fossés, rivières) pour venir plus facilement à bout de ses opposants. Chaque level est gardé par un boss mais attention, pour passer à la suite il faudra obligatoirement vaincre tous les méchants, et plus seulement le chef (il n’y a d’ailleurs pas de véritable boss dans le niveau 2).
Fatalement, les graphismes ont souffert de la conversion, mais dans l’ensemble ils restent on ne peut plus corrects. L’animation a pris un petit coup également : exit les quelques passages animés comme le mastodonte qui traverse le mur, les gargouilles qui vous frappent avec des lances… seul le tapis roulant ainsi que quelques flammes vacillantes sont dynamiques, alors que balancer un adversaire dans la flotte provoque une jolie éclaboussure.
LA BATTE OU LE FOUET
Inutile de revenir en détail sur l’objectif des frères Lee ; ceux-ci doivent bastonner tous les loubards qui bougent jusqu’à ce qu’ils ne bougent plus. Leur but est de retrouver et sauver Marion des griffes du gang, et de leur chef mal rasé, l’infâme Willy. La p’tite Marion on ne la voit pas beaucoup en fait, car le jeu ne prévoit ni présentation ni fin dignes de ces noms. Si on finit le jeu à 2, on sera en plus obligé d’affronter son frangin jusqu’à ce que mort de l’un des deux s’ensuive. Le mobile de cet ultime combat n’est pas donné, c’est peut-être pour obtenir les faveurs de la belle, ou simplement parce qu’il ne peut en rester qu’un, comme dans Highlander…
Vous disposez au départ de 3 crédits donnant chacun droit à 3 vies, et de 5 minutes pour compléter chacune des 5 missions (si le délai est écoulé, vous ne perdez toutefois qu’une vie avant qu’il ne se réinitialise). Vous pouvez user de ces 3 crédits pour le seul joueur 1, mais si vous décidez de faire apparaître le joueur 2, il n’en restera plus que 2 à se partager (le 3e ayant été utilisé pour obtenir le joueur 2). Une petite astuce pour obtenir 2 personnages dès le début du jeu : en faisant une première partie à 2 joueurs et en allant au moins jusqu’au niveau 2 avant de mourir, vous attaquerez directement la partie suivante avec les 2 joueurs, ce qui vous fait gagner un crédit, qui peut s’avérer déterminant pour finir le jeu.
La scène progresse en défilement horizontal discontinu : avancer fait progresser le scrolling, sauf à certains endroits où il sera nécessaire de vaincre au préalable tous les ennemis. Selon les passages, on pourra revenir sur ses pas dans une mesure encadrée par le jeu. À noter que les armes jonchant une partie de l’écran dépassée par le scrolling sont en général perdues. En général seulement car dans cette version, les ennemis n’hésiteront pas à sortir du décor pour aller ramasser une arme qui vous est inaccessible, une caractéristique très intéressante.
LE TONNEAU OU LE COLIS
Pour vaincre ses adversaires, il suffit de leur taper dessus jusqu’à ce qu’ils ne se relèvent plus. Plusieurs techniques à main nue seront nécessaires pour les faire chuter, et une seule frappe avec une arme. Lorsqu’ils mordent la poussière un certain nombre de fois, ils sont considérés comme morts et disparaissent.
Les techniques martiales disponibles sont quasiment les mêmes que dans la version arcade : coup de pied, de poing, de coude (vers l’arrière), de tête, coup de pied sauté vers l’avant.
En donnant un coup de pied, vous immobilisez votre adversaire dans une sorte de saisie. Vous pouvez alors lui latter le visage à coups de genou et/ou le projeter par-dessus vos épaules, un mouvement dévastateur et très utile pour envoyer un méchant dans un trou ou de la flotte. Les projections sont impossibles à porter sur les gros steaks.
Lorsque vous êtes en position de saisie, vous êtes illogiquement invulnérables aux coups des autres opposants. À vous d’en profiter.
Outre vos membres, vous pouvez bien évidemment utiliser toutes les armes traînant dans le décor ou portées par les ennemis. Ces armes sont particulièrement foisonnantes dans la version Amstrad, surtout qu’on peut les « gérer ». Par gérer j’entends s’arranger pour qu’elles ne disparaissent pas de l’écran, en « obligeant » un loubard à les déplacer jusqu’à les laisser tomber au plus loin du scrolling. C’est toute une technique, cela rend le jeu vraiment intéressant à mon sens, vaincre les ennemis à main nue devenant vite lassant.
Sont disponibles des armes de poing utilisées au corps à corps (battes, fouets) et des armes de jet (poignards, tonneaux, colis, rochers et bâtons de dynamite). On ne pourra porter qu’un seul objet à la fois. À noter que les armes lancées par les méchants peuvent atteindre leurs collègues !
LE COUTEAU OU LA DYNAMITE
Le gang des Black Shadow Warriors (ou Black Shadows) est composé de plusieurs types de loubards (pas tous noirs, des fois qu’on me pose la question, y’en a même des verts, ainsi que des femmes genre prostituées SM), différemment puissants, résistants et habiles au combat. Les plus balèzes sont très difficiles à vaincre à main nue et à courte distance, et disposent d’une allonge supérieure aux frères Lee. Leur boss, Willy, est le seul d’entre eux à porter une arme à feu, une mitraillette en l’occurrence, qu’on ne pourra lui arracher des mains.
L’I.A. des ennemis est relativement bien paramétrée mais pas autant que dans la version originelle. Si les méchants sont concentrés sur le fait de ramasser et de se servir des armes, ils ne cherchent jamais à esquiver vos coups et foncent bêtement sur vous.
Leurs sprites sont correctement dessinés et animés, bien que leurs déplacements soient un peu lents et saccadés. Mais un beat CPC où l’on peut se déplacer sur tout l’écran, y compris en diagonale, c’est vraiment un luxe !
Le jeu n’est pas spécialement long et est beaucoup plus abordable que sur arcade. Qu’on l’ait déjà fini ou pas, il possède pourtant une excellente durée de vie, c’est un des jeux auxquels je joue le plus régulièrement.
RÉSUMÉ
Double Dragon version Amstrad procure les mêmes sensations que la version arcade. Le gameplay, la réalisation et l’animation n’ont pas trop souffert du portage, et il s’avère moins difficile et finalement plus agréable à jouer, grâce à la multitude d’armes disponibles.
Un des meilleurs beat them all du CPC, énormément fendard à 2, qui peut être un bon complément à Target Renegade, excellent lui aussi.
Je lui décerne la note maximale (mais subjective) de 10/10.