Taptaptaptaptaptaptaptap kshi kshu taptaptaptaptap kshi kshi… Ho. Doux bruit. Hein ?! Vous êtes déjà là ! Bon. J’avais prévu de faire certains tests pour le projet Veda. Et puis cette semaine c’était l’anniversaire de ce cher Angus (Note de l’intéressé : lors de la rédaction du test, pas sa publication). L’homme qui corrige tous nos tests, malgré les fautes, malgré les jeux ‘daubiques’, malgré toutes les tempêtes, malgré tous les tests de jeux de sports et malgré une fournée impressionnante de jeux en ‘A’ de la Super NES. Quelle volonté de fer ! Je me suis donc dit qu’un bon vieux jeu bien rétro lui ferait le plus grand bien. C’est pourquoi, aujourd’hui, nous accueillons Chuckie Egg dans sa version CPC.
Grippe aviaire !
Ce jeu vient à l’origine de l’esprit (tordu je pense) de Nigel Alderton. Nous sommes en 1983. Alors adolescent de 16-17 ans, Nigel développe un petit jeu pour ZX Spectrum. C’est l’histoire d’Harry, propriétaire d’un poulailler, qui part chercher les œufs de ses poules. Oui mais voilà, l’histoire tourne au cauchemar car les poules se rebellent ! Que j’aime ces histoires parfaitement kitsch. Ce jeu, il l’a développé tout seul, comme cela se faisait souvent à l’époque. Il propose son soft à A&F Software, qui décide de le commercialiser. Ce fut un grand succès et le jeu fut adapté sur la plupart des ordinateurs 8 bits de l’époque, se vendant à plus d’un million d’exemplaires. Pour la petite histoire, Nigel espérait proposer un contenu plus étoffé, mais il s’est heurté à la volonté de A&F de sortir rapidement le produit. Même à l’époque, les développeurs se heurtaient à des impératifs financiers. En 1985 le jeu est porté sur Amstrad CPC. Nigel travaillera sur d’autres jeux, et notamment les adaptations de Commando pour ZX Spectrum et Ghosts ‘n Goblins pour Amstrad CPC (ce fameux jeu d’une difficulté à faire frémir d’horreur votre grand-mère).
Manipulations génétiques
J’en entends au fond qui discutent et qui se demandent : « Mais c’est quoi ce jeu finalement ? ». Eh bien mes petits *prend sa canne*, c’est un jeu de plate-forme qui date de l’époque des pionniers du genre. Il est d’ailleurs assez clairement inspiré de Donkey Kong. Harry devra traverser quarante tableaux chacun de la taille de l’écran, composés de plates-formes dont certaines sont reliées par des échelles. Un peu partout sur ces plates-formes sont disséminés des tas de graines et douze œufs. Le joueur doit guider Harry afin de récupérer les douze œufs du tableau dans un temps limité. Ceci permet de passer au tableau suivant. Harry a la possibilité de se déplacer sur les plates-formes, de sauter et de monter/descendre les échelles. Cela paraît simple. C’est sans compter sur les ennemis, car il y a toujours des ennemis. Qui sont-ils ? Des poules tueuses ! Oui, dans chaque niveau, trois poules bleues (!!!) se déplacent et n’ont qu’une envie : bouffer du fermier.
Pauvre Harry. Heureusement, ces animaux du diable ne le poursuivent pas. Ils ont un trajet prédéfini et sont même distraits par les tas de graines qu’ils mangent en passant à proximité, ce qui les ralentit. Mais ce n’est pas tout : sachez que sur ces quarante tableaux, il n’en existe que huit originaux. Les autres sont identiques aux huit premiers. Mais une fois les huit premiers terminés, vous reprenez au premier en augmentant le niveau de difficulté. Il en existe cinq. A chaque nouveau niveau de difficulté, un ennemi supplémentaire est présent. Une poule supplémentaire ? Ha ha ! Non ! Au deuxième niveau, le poussin géant (!!!), qui était jusqu’alors coincé dans une cage en haut de l’écran, va poursuivre notre héros à travers tout le tableau. Les poules auront peut-être disparu, mais c’est pour mieux réapparaître dans le troisième niveau de difficulté. Je vous épargne d’ailleurs les détails des autres. Il faudra de la volonté pour terminer ce jeu car il est très difficile. Mais rapidement, vous allez apprendre par cœur un chemin fétiche vous évitant les ennuis. Malgré cela il faudra effectuer des sauts précis, car certains tableaux possèdent des trous dans la partie la plus basse de l’écran ; une chute et c’est la mort instantanée. D’ailleurs, toute collision avec une poule ou le poussin et vous perdez une vie. Heureusement, vous partez avec cinq vies et vous en gagnez une supplémentaire tous les 10 000 points. Les points se gagnent en ramassant les œufs et les tas de graines, et par la conversion du temps restant à la fin de chaque tableau.
Il existe un mode multijoueur. Quatre joueurs peuvent jouer alternativement. Le gameplay est le même. La compétition entre les joueurs se fera sur l’obtention du meilleur score possible. Ce mode permet de profiter du jeu avec ses petits camarades. A chaque vie perdue, c’est le joueur suivant qui prend la main. Chaque joueur devra traverser tous les niveaux.
Le gameplay est précis, les collisions sont très bien gérées. Le jeu va vite et fera appel aux réflexes et à la dextérité du joueur. Il est très agréable à jouer. La jouabilité a d’ailleurs très bien vieilli et n’a rien à envier à des productions plus récentes. Contrairement aux graphismes.
Six couleurs et puis c’est tout
Eh oui. Ce jeu a été d’abord développé sur ZX Spectrum en 1983, et cette adaptation CPC se veut parfaitement fidèle. On se surprend à penser qu’elle aurait pu être plus belle. Mais les graphismes sont vraiment lisibles et correspondent parfaitement à la nervosité du jeu. L’animation est, du coup, parfaitement fluide.
Dans le poulailler personne ne vous entendra crier
Côté ambiance sonore, nous ne sommes pas mieux servis. Il y a les ‘taptaptap’ des chaussures d’Harry. Le ‘kshi’ et le ‘kshu’ lorsqu’on ramasse un œuf ou un tas de graines, et le petit jingle exaspérant lorsque l’on perd une vie. C’est minimaliste, mais ça sert parfaitement l’action et correspond à l’ambiance générale du jeu.
Que reste-t-il de nos amours ?
Chuckie Egg est un jeu excellent. Il ne propose pas un contenu renversant, mais à l’époque c’était rarement le cas. Pas de souffle épique ici. Le scénario est minimaliste. Les graphismes et l’ambiance sonore ont un petit côté RDA (carré/rigide/minimaliste). Mais tout cela est gommé par le gameplay qui a fait de ce jeu une petite bombe de l’époque. Si vous n’avez pas eu l’occasion de l’essayer, n’ayez pas peur de le faire au moins une trentaine de minutes.
Graphismes : 12/20
C’est sobre et tout bouge bien à l’écran. Le CPC sait faire beaucoup mieux mais ce graphisme, un peu rudimentaire, sert bien l’action du jeu.
Son : 14/20
C’est minimaliste mais les bruitages sont parfaitement choisis et donnent un excellent rythme au jeu.
Scénario : 8/20
Harry part chercher ses œufs dans son poulailler… Quel suspense. Mais après tout, est-ce bien important.
Jouabilité : 18/20
Parfaite. Harry répond au doigt et à l’œil. Les collisions sont parfaitement gérées. C’est le gros point fort du jeu.
Durée de vie : 16/20
Le jeu accroche tout de suite l’attention du joueur. Il est très difficile mais la difficulté est idéalement progressive. Chaque nouvelle partie vous permettra d’aller un peu plus loin.
Général : 16/20
Cette note générale est difficile à mettre. Il est certes loin d’avoir de grandes qualités graphiques ou sonores, mais son gameplay accrocheur et sa jouabilité hors pair en font un incontournable de l’époque.
Rejouabilité : 14/20
Pas de problème. Si vous l’avez aimé à l’époque, vous y rejouerez avec plaisir. Si vous ne l’avez jamais testé, l’essayer c’est l’adopter. Ou presque, car l’aspect graphique pourra en rebuter certains.