Cap sur Dakar est un jeu vidéo CPC publié par Coktel Visionen 1986 .

  • 1986
  • Course

Test du jeu vidéo Cap sur Dakar

4/5 — Exceptionnel ! par

Développé par Paul Tran et J.Y. Baxter, édité par Cocktel Vision sur Amstrad CPC uniquement en 1986.

Ah, les années 80… période dorée propice à la créativité la plus délurée, que ce soit niveau vestimentaire, musical (regardez des clips de Plastic Bertrand, Desireless ou Guesh Patti pour savoir de quoi je parle), mais aussi pour les jeux vidéo. C’était l’époque où les petits développeurs en herbe, bardés d’imagination, pouvaient s’éclater en traduisant en programmes de jeux leurs idées les plus lubriques, sans être vilipendés par de tout puissants éditeurs trouvant le produit de leurs efforts pas assez commercial.

C’est ainsi qu’au cours de la seconde partie des eighties, nombre de programmes originaux fleurirent sur les ordinateurs de l’époque, et notamment sur l’Amstrad CPC 6128. Et à l’époque – c’est difficile à croire aujourd’hui – les Français aussi avaient de l’imagination. Vous en doutez ? Testez voir Cap sur Dakar.

EN FRANCE ON N’A PAS DE PÉTROLE MAIS ON A DES IDÉES

Cap sur Dakar vous emmène disputer la célèbre course Paris-Dakar, qui partait encore de Paris à l’époque. Aujourd’hui je ne sais même plus, tiens. Le jeu vous place dans la combinaison d’un pilote du rallye. Vous aurez l’opportunité de prendre le départ de la course, mais pas forcément de la mener à son terme ; cela dépendra de votre habileté au volant… et à séduire certains sponsors avant le départ !

Eh oui, le volet le plus original et, disons-le clairement, le plus intéressant de Cap sur Dakar est la recherche de sponsors. Parmi les 8 sociétés partenaires du rallye, 3 au maximum pourront vous apporter leur concours financier. Mais il faudra le mériter ! Comment ? En passant avec succès une épreuve imposée et spécifique à chacune d’entre elles.

Concrètement, dès le lancement du jeu vous cliquez sur le nom d’un sponsor, et vous attaquez un mini-jeu. Vous recevrez des sous en cas de succès total à l’épreuve, ou parfois de succès partiel (il sera possible d’abandonner avant la fin). Si vous l’emportez, vous pourrez refaire une partie au maximum (conseillé puisque vous pourrez doubler votre pécule). On a donc :

  • Frimagaz : le labyrinthe. Votre tâche consiste à trouver la sortie du labyrinthe le plus rapidement possible. Vous dirigez un petit point blanc au milieu d’un dédale de murs représentés par des traits fins. Plus vous êtes prompt, plus vous gagnez d’argent. Mais si vous êtes trop lent, vous ne gagnerez rien du tout ! Malheureusement, le jeu ne prévoit pas de compteur chronométrique. J’ignore à combien se monte la prime maximale, mais c’est au moins 30.000 F.

  • Matraque : le tir. Un jeu de tir très simplifié. Un « smiley » se déplace horizontalement, toujours de gauche à droite de l’écran, à différents niveaux de hauteur à chaque fois qu’il réapparaît du côté gauche. Votre job est de parvenir à le toucher en lançant un tir depuis le bas de l’écran. Il faudra anticiper sa position pour y parvenir. Chaque fois que vous le touchez, il se transforme en une lettre du mot MATRAQUE, ce qui vous alloue un bonus compris entre 1.000 et 3.000 F (bonus aléatoire, j’ai l’impression). Il s’agira donc de le toucher 8 fois pour compléter le jeu. Par contre, à chaque tir raté vous vous prenez un malus de 100 F. Si vous reconstituez le mot, vous gagnez 40.000 F + le bonus – le malus, ce qui rapporte en général environ 55.000 F.

  • Rote-man : le pentamino. La tâche consiste à reconstituer les 12 figures géométriques que l’on peut former en combinant 5 carrés d’une case chacun, la condition étant que tous ces carrés touchent au moins un côté d’un autre carré. La surface de jeu est un rectangle de 3 cases sur 5. Si vous ne visualisez pas ce qu’il faut faire à la lecture de cette description, un exemple illustré est là pour vous aider.

Les primes sont ici allouées après chaque figure réussie. Si vous êtes bloqué, vous pouvez abandonner à tout moment et retirer vos gains. Vous emportez 10 F pour la première figure trouvée, puis 20, 40, 80 et ainsi de suite jusqu’à 20.480 F pour la 12e. Il faudra donc en trouver au moins 10 pour que ça soit vraiment juteux ! Rote-Man vous offre environ 40.000 F si vous complétez le jeu.

  • Vehaisde : l’aide. Ce n’est qu’à l’heure où j’écris ces lignes que je viens enfin de comprendre le sens du nom du sponsor. Il vous offre automatiquement 200.000 F sans que vous ayez d’épreuve à passer ! Par contre, Vehaisde est un sponsor exclusif : si vous faites appel à lui, vous ne pourrez pas solliciter d’autres parrains. Utile pour ceux qui n’ont pas - ou plus - envie de faire les mini-jeux et veulent passer directement à la course, et également pour les joueurs n’ayant pas réussi à amasser au moins 200.000 F en 3 épreuves. Sans même le solliciter, Vehaisde vous apportera alors sa prime en remplacement des autres ; une façon de s’assurer d’une somme minimale avant de démarrer.

  • Malbobos : la tour de Hanoï. Un mini-jeu sous forme de casse-tête assez sadique mais très intéressant. Vous avez 3 plateaux sur l’écran. Sur celui de gauche trône une tour, constituée de 6 plateaux de diamètres différents (le plus petit en haut, le plus grand en bas). Il s’agit de reconstruire la tour sur le socle du milieu en déplaçant les éléments d’un socle à l’autre. La seule condition est que vous ne pouvez pas empiler un élément sur un autre élément de diamètre inférieur (là encore, l’illustration fournie est bienvenue).

Pour gagner des pépettes, il faudra reconstituer intégralement la tour. Ou abandonner si vous baissez les bras. Malbobos propose différents niveaux de difficulté, puisque vous pouvez choisir le nombre de plateaux (de 1 à 6). Bien sûr, plus la tour a d’étages, plus la difficulté est importante et plus le sera la prime allouée. Avec un seul plateau, vous gagnez 10.000 F en un clic. Avec 2, 20.000 F, avec 6, 60.000 F. Mais il faudra cravacher pour les 60.000…

  • Aditasse : le basket. « Dans ce jeu riche en rebondissements, vous devez marquer le plus de paniers possible ». Basket… rebondissements… Ah ! les farceurs. Vous dirigez une « raquette », une petite barre façon vaisseau Arkanoid. Un ballon tombe du ciel. Votre job est de le réceptionner, ce qui va automatiquement le renvoyer en l’air selon un angle qui dépendra de son point d’impact sur la raquette. C’est en fait le même principe que dans la plupart des casse-briques. L’objectif est de rentrer le ballon dans un panier accroché sur le mur de droite. Chaque fois que vous mettez un panier (ou que vous touchez son filet apparemment), vous marquez 2 points. À chaque panier manqué, l’ordinateur marque 1 point ; à chaque balle perdue, l’ordinateur marque 2 points. Une partie se joue en 2 manches de 20 points chacune. On notera qu’après un nouvel engagement, le panier change de hauteur.

C’est le jeu que j’aime le moins. Il est vraiment très difficile de marquer un panier, alors 10 par partie… Qui plus est, le rythme de l’action est assez lent.

Même en perdant les 2 manches, vous prenez un peu de thune pour les points marqués (et même 80 F si 0 panier !).

  • Heuropin : le quiz de culture générale. Il s’agit de répondre à 8 questions traitant de sujets variés (littérature, cinéma, sport et évènements). Il faut taper la réponse en toutes lettres ; ce n’est pas un questionnaire à choix multiples !

Pour corser un peu la chose, on vous demande, AVANT chaque question, de miser une somme inférieure ou égale à mille francs. Également, il faut choisir un coefficient multiplicateur. Ce chiffre (2, 4 ou 6) vous permettra de gagner - ou de perdre - jusqu’à 6 fois votre mise.

Il faudra donc engager une somme plus ou moins grande, sans savoir à l’avance si vous saurez répondre ou pas. Gros inconvénient du jeu, on ne peut pas effacer une lettre tapée par erreur. Exemple : si vous écrivez le nom du réalisateur de American Graffiti « Lucqs » et non « Lucas », en oubliant que le clavier retenu est le QWERTY, vous pouvez dire adieu à vos biffetons. Et je vous dis pas comment c’est chaud pour « Kurozawa »…

Le jeu ne donne jamais la bonne réponse. Les questions sont vraiment difficiles en général, d’autant que le jeu date de 1986, et par conséquent même les sujets d’actualité datent un peu…

Je ne saurais dire combien le jeu propose de questions. Mais ne comptez pas trop sur Heuropin pour gagner des sous, à moins de connaître toutes les questions par cœur ou d’avoir le c*l bordé de nouilles ! Genre taper une date au hasard (j’ai mis 1935 pour la création du Monopoly totalement au pif) et que ça passe !

  • Olympiasse : le quiz musical. Vous devez trouver le titre et le nom de l’auteur de 2 morceaux de musique qui vont être joués. Vous pourrez écouter successivement 4, 8, 12 puis 16 notes du morceau. Plus vous trouvez rapidement, plus vous gagnez d’argent.

Mais bon, personnellement je n’en ai jamais trouvé un seul… Un jeu bien sadique lui aussi et rarement gagnant !

Vous ne pourrez donc pas passer les 7 épreuves en une seule partie, mais 3 maximum.

Il faudra probablement les refaire chacune plusieurs fois avant d’être capable de remporter plus d’argent que la prime minimale de 200.000 F.

Dans l’ensemble, les mini-jeux sont variés et assez amusants, bien que je préfère nettement les 4 premiers aux 3 derniers.

Les graphismes sont sobres, mais bons. L’écran d’instructions est détaillé, on comprend tout de suite le but du jeu, au besoin en regardant l’illustration. Les commandes sont très simples et bien indiquées. Un petit QCM aurait quand même été bien apprécié pour les 2 quiz.

De temps en temps, une petite mélodie agréable se fait entendre (en cas de succès, d’échec…).

SEUL SUR LE SABLE, LES YEUX DANS LE SABLE

Maintenant que vous venez de gagner de l’argent à la sueur de vos neurones, l’étape suivante est de le dépenser.

Tout d’abord, il faut acheter une voiture, parmi 6 modèles aux caractéristiques différentes.

Les voitures sont rangées par ordre croissant de performances (chevaux et vitesse maximum) et de prix. La V1 est cotée à 50.000 F, la V4 à 150.000 ; la V5, je suis toujours trop pauvre pour vous le dire.

Évidemment, le choix de la voiture est fondamental. Sachant que la V1 roule à… 40 km/h maxi et la V4 à 160 km/h, si vous voulez avoir une chance de bien figurer dans la course, il faudra casser la tirelire.

Une fois votre véhicule choisi, il reste à acheter du carburant, des vivres et des pièces de rechange. Si vous tombez en rade de l’un de ces éléments pendant la course, vous finissez l’étape en cours mais avec une pénalité de 5.000 F, en plus de la pénalité standard de 16h. Il faudra être prévoyant ! Après chaque étape, il sera possible de recharger vos provisions, dans la limite du solde restant bien sûr. Si votre capital tombe à 0, vous êtes mort.

Une ration de vivres journalière coûte 300 F, un plein d’essence complet 15.000 F (le litre est à 6 F), une pièce détachée 2.500 F.

Les vivres et le carburant s’égrènent automatiquement ; les pièces de rechange ne sont utilisées que si vous vous prenez un obstacle.

Une fois les emplettes effectuées, il est temps de prendre le volant.

Le rallye se compose des 18 étapes officielles de l’époque, et se déroule uniquement dans le désert, au départ d’Alger (pourquoi Alger et pas Paris, ne me demandez pas). 8 concurrents prennent le départ, dont vous-mêmes. Malheureusement, vous ne les croiserez jamais sur le sable ; ce n’est que lors du classement donné en fin d’étape que vous pourrez vous situer par rapport à eux.

Votre objectif est de terminer la course à la meilleure place possible, ce qui implique de finir les étapes dans les délais (sinon, pénalité de 16h de route), et de ne pas perdre tout votre capital.

Les étapes sont de longueur variable (entre 130 et 990 km, me semble-t-il).

En piste, la voiture se manœuvre à 3 doigts : gauche, droite et haut/bas pour réguler la vitesse.

Votre job est double : éviter les obstacles qui jalonnent votre route (rochers, bûches ou arbres), et ne pas vous perdre. Pour ce faire, il faut tout le temps avoir en point de mire un petit arbre, qui apparaît à l’horizon au centre de l’écran lorsque vous mettez le contact.

Vous roulez en fait toujours tout droit, mais vous pourrez être déporté sur la gauche ou la droite de l’écran en essayant d’éviter les embûches.

Si le fameux arbre disparaît de votre champ de vision, vous vous « perdez » et perdez 2 heures pour revenir dans le chemin.

Une collision vous coûte également 2h, en plus d’une pièce détachée.

Le tableau de bord vous donne, en temps réel, l’état de vos vivres, de l’essence, des pièces, du nombre de km à parcourir et du temps maximum dont vous disposez avant d’être mis hors délai. Les kilomètres et le temps sont représentés sous forme de jauges, ce qui ne rend pas leur lecture très évidente (faut le savoir que la barre du haut représente le temps restant).

La course est plutôt morne. On avance sur le sable, sans rencontrer d’autres véhicules, sans virages, dans des paysages identiques (2 décors alternés à chaque étape pour l’ensemble du rallye, c’est peu), et sans même une petite musique d’ambiance autre que le ronron du moteur. C’est correct pour de l’Amstrad, mais ça manque un peu de vie. En plus de ça, qu’importe la voiture achetée, celle que vous voyez n’a qu’un seul design.

Quelques péripéties de course (sous forme de messages « pop-up ») brisent toutefois de temps à autre la torpeur ambiante : vos sponsors qui décident en pleine course de vous donner une rallonge de 20.000 F car ils sont contents, le passage dans une oasis riche en vivres, les Touaregs qui vous offrent nourriture et carburant et, en moins réjouissant, vos pneus qui éclatent et vous font perdre le contrôle du véhicule, occasionnant la bagatelle de 15.000 F de réparations (7 pièces) et une heure de perdue.

Le classement général du raid est disponible lors du retour au campement.

Les 3 premiers remportent respectivement une prime de 20.000, 15.000 et 10.000 F (enfin il paraît, je n’ai jamais réussi…).

Franchement, pour finir à une place différente de la 8e, faut se lever tôt. Avoir une très bonne voiture, éviter à fond les collisions et faire la course parfaite, quoi. Et encore, ça suffit rarement. Personnellement, la 8e place est mon record.

Entre cette difficulté écrasante, des possibilités de jeu très limitées pendant une étape, et la longueur de la course (18 étapes d’affilée, ça fait long), pas sûr que vous aurez envie de faire 50 rallyes.

RÉSUMÉ

Cap sur Dakar est un jeu bien sympa, avec un aspect « gestion financière » original.

Ce sont surtout les mini-jeux qui sont marrants (et en plus éducatifs) et présentés de façon très claire. La course est quant à elle moins vivante et trop difficile, mais malgré tout on peut s’y essayer de temps à autre. Il faut rappeler que rares sont les jeux de course Amstrad à être dynamiques et fluides.

15/20 que j’arrondis à 8/10.

Cap sur Dakar