Développée par Scipio, édité par Playbite
Et bien voilà, il est temps pour moi d’achever mon odyssée sur Amiga, après avoir fait le tour des softs qui m’ont marqués sur cette chouette bécane. J’en profite pour remercier HK pour ses encouragements. Mais je ne pouvais décemment pas quitter le navire sans vous entretenir du jeu qui m’a donné envie de m’y mettre, Yo ! Joe ! qui, s’il ne brille pas par le nom, a bien d’autres qualités.
GHETTO SUPASTAR
Tout commence dans une pièce sombre, très sombre, où un groupuscule de cinq super psychopathes se réunit autour d’une boule de cristal pour savoir si leur biz dans la drogue va bien fonctionner. Ce qu’ils y voient ? Joe et ses amis, des racailles qui vivent dans le ghetto, font des graffitis et écoutent de la musique de sauvages. Raison suffisante pour les éliminer à priori, puisqu’ils sont censés empêcher le cartel de développer ses profits.
Et ça tombe plutôt bien puisque, à force de fuir les forces de police, Joe et Nat (le joueur 2) arrivent devant un château lugubre, qui est justement le repaire de l’un des cinq dangers publics.
VAS-Y JOE ! T’ES LE PLUS GRAND DES CHAMPIONS JOE !
Yo ! Joe ! vous offre donc cinq énormes niveaux de plates-formes tortueux et gavés ras-la-gueule d’ennemis farouches, sans oublier les boss bien entendu, qui sont les cinq aperçus durant l’introduction.
Le château-fort du comte sorcier sera l’objet de vos premières explorations, puis suivront une pyramide dédiée au minotaure, un temple aztèque repaire d’un colosse primitif, un monde plus japonisant gardé par la voyante à quatre bras, et enfin les rues du ghetto où vous attend le savant fou. Juste avant ce dernier niveau, vous en traverserez un autre, bien plus linéaire et sans boss, transporté par un métro taggué du sol au plafond.
Notez également qu’entre chaque niveau vous accèderez à un stage bonus. Monté sur un ptérodactyle - la préhistoire est décidément drôlement hype dans les jeux de l’époque - vous prenez part à un shoot ‘em up horizontal où vous devez récolter des options tous en évitant ou détruisant les ennemis qui vous assaillent.
Au départ, Joe ne peut que sauter, s’accrocher aux plates-formes en hauteur et donner des coups de pieds et de poings. Mais comme cela ne suffira pas pour vaincre les plus gros adversaires, vous pourrez vous munir de nouvelles armes. L’attirail du parfait petit casseur se compose de nunchakus, de barres à mines, de cocktails molotov et de tronçonneuses. Si les deux premiers se gagnent de manière définitive, les cocktails sont en quantité limitée. La tronçonneuse pour sa part, doit être rechargée en essence, mais comme elle est totalement ingérable on laissera vite tomber.
Le reste des bonus à collecter consiste en des ankhs, représentant des recharges d’énergie, des vies supplémentaires et des tas de trésors pour faire gonfler votre score. A ce propos, n’hésitez jamais à frapper le décor, souvent il se brise pour libérer des petits cadeaux.
WINNERS DON’T USE DRUGS
Je n’aurais pas parié cher sur les aventures de deux racailles au pays des super-vilains. Ca sonne comme un mauvais comics et le message simplet sur l’usage des drogues n’arrange rien.
Et pourtant… Même s’il est ridicule, le contexte est malgré tout original, c’est pas tous les jours qu’un ouaich-ouaich s’habille en Elvis pour aller latter des criminels tout droit sortis d’un épisode oublié de Batman.
Visuellement, Yo ! Joe ! est très beau. Riche en détails, riche en couleurs (avec les dégradés en arrière-plan traditionnels sur Amiga), ses décors et ses sprites sont particulièrement variés et le style graphique fait diablement penser au Gods des Bitmap Brothers sur le même support.
Les animations sont également de qualité, mais ce n’est rien à côté de l’aspect sonore. Les bruitages sont volontairement (j’espère) ridicules, mais la bande-son typée house est particulièrement accrocheuse, les thèmes restant gravés dans la mémoire bien après avoir éteint la bécane.
Ce bijou s’accompagne également d’une très bonne jouabilité. Joe se manie facilement, on ne pourra que reprocher quelque gestion des collisions un peu douteuse - on se fait parfois toucher alors que les sprites de Joe et de l’ennemi ne sont visiblement pas entrés en collision, justement - sans que cela en devienne gênant.
Et ce, principalement à cause, ou grâce, à la difficulté assez basse du soft. Les recharges d’énergie sont nombreuses, les vies pleuvent littéralement (ce n’est pas dans tous les jeux qu’on arrive à la fin avec plus de trente vies !) et la plupart des boss se font tuer par un simple cocktail molotov avant même de vous avoir touché. Perso ça me dérange pas, mais je reconnais que ça pourrait décevoir les masos.
Parce que du coup, malgré leur vastitude (je tente) intrinsèque, les six niveaux ne font pas long feu. Le jeu se plie en deux ou trois heures, mais on garde toujours plaisir à en refaire une partie de temps en temps, histoire de vérifier si on trouverait pas un petit bonus caché qu’on avait pas vu la fois d’avant.
Même s’il est vrai qu’il s’adresse principalement à une frange de joueurs qui n’aiment pas se prendre la tête, Yo ! Joe ! est l’un des meilleurs représentants du genre sur la machine, et est une vraie réussite technique. A vous de voir, mais il serait dommage de passer à côté juste parce qu’il est facile. Voilà mes amis, c’est tout pour cette fois. A bientôt pour de nouvelles aventures…