Vous avez adoré A Link to the Past, le Zelda de la Super NES, pas vrai ? Mais vous êtes un indécrottable joueur micro, et refusez de vendre votre âme au diable nippon pour y rejouer.
Eh bien Team 17 a pensé à vous, et sort en 1996 un énorme plagiat baptisé Speris Legacy.
A CHO TO THE PAST
Vous incarnez Cho, un pov’ paysan qui se voit confier une sacrée mission par son roi : le machiavélique prince Gallus a fait assassiner le prince héritier du royaume de Sharma, et il vous incombe de trouver où il se cache, de le mater et de le ramener au château pour qu’il y subisse son châtiment. Si vous réussissez, le roi vous offre ni plus ni moins que son trône et sa couronne.
CHO A L’AMERICAINE
Pour ceux qui ne connaissent pas le modèle d’origine, petit rappel des faits :
A Link to the Past est un jeu d’aventure assimilé au genre Action-RPG. Vous incarnez un personnage vu de dessus qui se déplace sur un vaste monde en massacrant les ennemis visibles à l’écran, avec pour but de visiter huit donjons labyrinthiques.
The Speris Legacy, pour sa part, est un jeu d’aventure assimilé au genre Action-RPG. Vous incarnez un personnage vu de dessus qui se déplace sur un vaste monde en massacrant les ennemis visibles à l’écran, avec pour but de visiter huit donjons labyrinthiques.
Non, il n’y a pas de coquilles, simplement le jeu Amiga est un émule du jeu Super NES. Malgré tout, de subtiles différences persistent :
tout d’abord dans Zelda, vous explorez à loisir la carte du monde, les donjons y étant dissimulés. Dans SL, vous passez directement d’un donjon à l’autre au moyen d’un atlas rudimentaire et sans ennemis où les huit locations sont très clairement identifiées. En ce sens, SL se rapproche plus du genre Dungeon-RPG.
ensuite dans Zelda, c’est en trouvant des cœurs à droite et à gauche que vous augmentez votre vie. Dans SL, tuer des ennemis vous rapporte de l’expérience, et une fois la jauge d’expérience remplie vous faîtes augmenter celle représentant votre énergie. Pour le coup, SL se rapproche plus d’un hack’n slash, ou, encore une fois, d’un Dungeon-RPG.
autre différence, dans Zelda l’inventaire tient une place prépondérante puisque c’est en obtenant de nouveaux objets que vous progresserez. Dans SL, les objets ne servent que ponctuellement. D’ailleurs on en achète très peu, les pièces étant rares.
enfin, dans ALttP en particulier, la magie est importante, de nombreux objets consommant de vos ressources en la matière. Dans SL, il n’y a tout simplement aucune notion de ce genre.
Du coup, Speris Legacy se joue de la sorte : on entre dans un donjon, on massacre tout ce qui bouge en discutant avec tous les PNJ (personnages non-jouables), chacun vous demandant d’accomplir une quête. Après avoir résolu tous les problèmes de nos cas sociaux - de petites énigmes à déjouer pour progresser, rien qui ne nécessite d’y passer un temps fou comme dans Zelda -, vous obtiendrez le moyen de quitter le donjon, aussi vous vous dirigerez vers le suivant et rebelotte. Avec un boss de temps en temps, histoire de varier les plaisirs.
Un mot sur les environnements rencontrés : vous commencez dans les jardins d’un château, puis explorez une vaste ville, une caverne magmatique, une île, des souterrains hi-tech, un parc floral, un désert et la forteresse du méchant.
CHO ET FROID
The Speris Legacy aurait pu être un bon clone. Son scénario a beau être illogique, il n’est pas plus con que celui de Zelda, voire même il est légèrement supérieur.
Visuellement, c’est une copie conforme. On retrouve le même genre d’environnements en jolie 2D, avec des couleurs qui pètent et un graphisme simpliste. On retrouve les mêmes animations, les ennemis qui vous foncent dessus quand ils vous voient, les effets de téléportation ABUSEMENT identiques (ça aurait presque mérité un procès tellement c’est flagrant), le même effet du vent sur les fleurs ou encore les mêmes va-et-vient des vagues. On retrouve aussi la même jouabilité du héros, exactement les mêmes mouvements, la même imprécision des coups lorsqu’on frappe depuis le haut un ennemi situé plus bas.
Et pourtant en l’état, Speris Legacy est juste un clone à peine passable. Si les musiques du hit de Nintendo sont, il faut bien l’avouer, légèrement soûlantes à la longue, celles de SL sont imbuvables dès le début.
Et ceci pour une seule et unique raison : SL est un Dungeon-RPG. Ce qui implique plusieurs points gênants face à son modèle. D’abord, l’extrême longueur des niveaux, et donc des boucles musicales infinies et insupportables malgré leur qualité intrinsèque.
Ensuite, l’affolante répétitivité des actions : comme dans tout D-RPG, on fait sans arrêt la même chose, à savoir slasher (et gagner du niveau par la même occasion) jusqu’à trouver un moyen de passer au niveau suivant. Il n’y a aucun changement durant tout le jeu.
Ca n’aurait pas été problématique si SL avait joué franc-jeu dès le départ. Mais en se présentant comme une copie conforme de Zelda, on s’attend à un vrai jeu d’aventure, et ce n’est pas à la même frange de joueurs que cela s’adresse.
Donc malgré une ressemblance frappante, Speris Legacy est trop bourrin et ne fait pas le poids face à l’inventivité et à la magie de son modèle. Il trouvera par contre une oreille attentive auprès des amateurs de Wizardry et consorts, peut-être.