L’ombre de la Bête : l’Amiga sort de l’ombre
Depuis sa sortie en 1985, l’Amiga avait généralement été sous exploité jusqu’à présent. Bien que plus puissant que l’Atari ST, les jeux sur Amiga étaient pourtant identiques à ceux de son frère ennemi, et pour cause, il s’agissait généralement de simples adaptations… La raison? L’achitecture spécifique de l’Amiga et ses chipsets surpuissants pour l’époque mais diablement difficiles à programmer! En 1989 pourtant les choses changent et l’Amiga parvient enfin à prendre le dessus sur son adversaire en termes de ventes annuelles. Et beaucoup pensent que le jeu de Reflections, Shadow of the Beast n’y est pas étranger…
Douce vengeance…
Il y a seulement quelques lunes vous n’aviez guère de doutes sur votre identité et sur votre destinée. Puissant guerrier-esclave au service des Mages de Nécropolis, vous les serviez aveuglément dans leurs guerres sanglantes. Et pourtant, qui eu pu imaginer qu’avant d’être cette créature reptilienne d’une puissance phénoménale, vous étiez un être humain? Et c’est pourtant ce que vous apprenez : enfant, vous avez été enlevé de votre village pour être entrainé au Temple, où les expériences et l’administration de potions vous ont transformé en Bête. Mais maintenant vous savez… et le temps de la vengeance, nourrie par votre haine, a sonné…
Shadow of the Beast est un jeu de plates-formes des plus classiques. Arpentant des décors superbes et tourmentés, de ceux qui feront la patte Psygnosis jusqu’à leur rachat par Sony, vous cherchez à faire votre chemin jusqu’à votre maître dans le but de l’éliminer. Parfois il vous faudra trouver des artefacts vous permettant de progresser dans votre quête. De nombreux monstres, tous plus difformes les uns que les autres, et bien des pièges vous barreront le chemin. Occasionnallement, il vous faudra faire passer de vie à trépas un gros bill (parfois aussi appelé boss ;) ) qui aura la mauvaise idée de vouloir vous empêcher de savourer votre revanche.
L’Amiga 500 dans ses derniers retranchements
Car il faut bien le dire, Beast est un véritable chef d’oeuvre au niveau technique, une claque qui fait très très mal! En examinant le screenshot, dîtes vous bien qu’à l’époque, la NES arrivait tout juste en Europe et que la Megadrive était sur le point de sortir au Japon! Les graphismes, de Martyn Edmondson, sont d’une beauté à tomber par terre et, esthétiquement, sont le summum de ce fameux style si étrange qui caractérisait Psygnosis à leur grande époque. Par une technique de gestion de l’affichage spécifique à l’Amiga, ce ne sont pas moins de 128 couleurs qui sont présentes à l’écran, contre les 32 habituelles (16 sur ST)! Et malgré cela, l’animation est exceptionnelle : une décomposition des mouvements très travaillés pour des sprites de très belle taille et un scrolling multi-directionnel sur 13 (!) plans qui ne faiblit jamais! Cela confère aux paysages une étonnante profondeur. Quand aux musiques très atmosphériques, composées par David Whittaker, elles sont absolument superbes (un album les regroupant sortira d’ailleurs, ce qui est à l’époque extrêmement rare). Techniquement donc, Shadow of the Beast a incontestablement marqué… Et c’est d’ailleurs bien sur ce point là que le jeu est une référence dans le monde des ordinateurs!
Parce qu’au niveau de l’intérêt, on ne peut pas dire que le tableau soit aussi rose. Si le jeu est loin d’être inintéressant, il apparaît bien fade en comparaison de sa beauté. Le déroulement est somme toute dénué de véritable originalité et l’IA des monstres est véritablement réduite à zéro puisqu’ils se contentent de traverser l’écran sans même prêter attention à vous… A noter que les deux opus suivants tenteront d’améliorer ce point faible, sans toutefois atteindre la qualité technique du premier. La jouabilité est bonne sans atteindre des summums.
Pour conclure, Shadow of the Beast est un jeu incontournable, ne serait-ce que pour sa qualité technique. On regrette vraiment que le gameplay soit beaucoup moins convaincant (ce qui explique ma note, un simple 8), mais c’est si beau!
Compatible AGA : oui
Installable sur HD : oui, via WHDLoad
Numéro CAPS : 1357, 1414, 1453 (en compilation avec Blood Money)
**Note **: le jeu peut-être assez difficile à paramétrer. Mieux vaut utiliser les chipsets OCS. Veillez aussi à régler la vitesse des lecteurs de disquettes sur 100%, l’option turbo faisant immanquablement planter le jeu. Dans l’onglet Chipset de WinUAE, veillez aussi à cocher la case Cycle exact CPU and Blitter. De mémoire, le jeu est beaucoup facile à faire tourner sur WinFellow!