Développé par Reflections Interactive, édité par Psygnosis.
En 1993, l’Amiga est sur la pente descendante, la série 1200 ne remportant pas autant de succès que son aînée. Le PC fait son trou et Commodore creuse sa tombe à coup de marketing foireux et d’un cruel manque d’innovations. Reflections Interactive, devenu depuis lors Ubisoft Reflections, ne va pas tarder à sortir son fameux Destruction Derby, mais pour l’heure, le studio anglais est surtout connu pour son Shadow of the Beast. Malheureusement, si le premier épisode est devenu mythique, ses successeurs ne connaîtront pas le même avenir glorieux.
THE FINAL NIGHT
Aarbron est redevenu un homme, et il est parvenu à sauver sa sœur des griffes de Zelek. Malheureusement, son ancien maître Maletoth est toujours vivant, et il va devoir une dernière fois le défier s’il veut espérer un jour recouvrer la paix intérieure. Et pour vaincu qu’il fût, le Seigneur des Bêtes (ah, Beast Lord…) n’en reste pas moins extrêmement puissant. Tellement puissant, d’ailleurs, que le héros devra d’abord en passer par la récupération de quatre objets sacrés avant de pouvoir se confronter à son tourmenteur.
CRISIS ON INFINITE EARTHS
Shadow of the Beast III est un jeu d’action/aventure qui affiche de sérieuses différences avec ses aînés. En effet, votre quête ne se déroule plus dans un seul et même monde gigantesque, mais sur quatre niveaux bien distincts. Ainsi en début de partie, et à chaque fois que vous terminez un monde, vous revenez au très sympathique écran de choix des stages. Petit bémol cependant, seuls deux niveaux sont accessibles dès le début, les deux autres se déverrouillant par la suite, histoire de conserver une progression de la difficulté relativement logique, sans doute.
À la mode des jeux consoles de l’époque, les niveaux sont relativement linéaires et gardés par un boss chacun, sans compter bien entendu les nombreux ennemis qui s’y baladent. La jouabilité est relativement classique elle aussi, et Aarbron se prend désormais pour un ninja (je vous ai déjà parlé du syndrome du ninja dans le jivé des années 90, n’est-ce pas ?), capable de faire des bonds prodigieux et d’envoyer des shurikens à l’adversaire. Il dispose non pas d’une mais de trois jauges de santé, également.
Mais même si cette orientation à l’usage des consoleux ne plaira pas à tout le monde, gardons à l’esprit que Shadow of the Beast III conserve nombre de spécificités propres à la saga. Ainsi en est-il des légendaires casse-têtes qui ont provoqué plus d’un internement lors de la période d’exploitation du premier épisode. Ici encore, il s’agira de jouer avec des tas de leviers pour déplacer des objets, ouvrir des trappes ou attraper ce que l’on désire. À ce titre, le passage des poissons qui se mangent entre eux est plutôt sympathique. D’autres énigmes sont également à l’œuvre, et d’une manière globale, vous devrez utiliser intelligemment les quelques objets qui vous entourent sous peine de succomber aux pièges vicelards tendus par un Maletoth au meilleur de sa forme.
BRIGHTEST DAY
Si le premier Shadow of the Beast éblouissait sur le vénérable Amiga 500, ce dernier épisode surprend moins. Il faut dire qu’en 1993, les énormes sprites et les couleurs vives, avec les fameux dégradés d’arrière-plan, sont un peu passés de mode. Pourtant, il faudrait être vraiment difficile pour critiquer le travail de Reflections Interactive : les graphismes sont toujours aussi soignés, l’animation est sans faille et s’il sont moins nombreux que dans les premiers volets, les effets de parallaxes sont toujours présents, et rendent toujours le défilement de l’écran si agréable à regarder.
D’un point de vue sonore, c’est encore de la belle œuvre. Le légendaire Tim Wright (Agony, Lemmings, Leander…) est une nouvelle fois à la manœuvre et distille des sonorités toutes en suspens, inquiétantes et troublantes… Mais complètement gâchées par des bruitages d’un autre siècle, malheureusement.
Quoi qu’il en soit, Shadow of the Beast III est surtout très agréable à jouer. Parce que le héros répond enfin correctement à nos injonctions, parce que la portée de ses tirs est désormais raisonnable. Mais aussi et surtout parce que la difficulté a été revue à la baisse. Le fait est qu’avec une aventure découpée en niveaux et trois barres de vie, la quête est maintenant finissable, là où le premier Beast s’apparentait à une torture sans nom.
Malheureusement, ceci implique aussi une durée de vie réduite, et on aurait aimé que les niveaux soient un peu plus nombreux, ne serait-ce que pour correspondre aux canons des productions sur consoles 16 bits, qui semblent être le point vers lequel Shadow of the Beast III veuille tendre. Les plus masochistes d’entre vous en seront pour leurs frais, les autres devraient découvrir (parce que visiblement, on est nombreux à avoir fait l’impasse à l’époque, au vu du faible succès que ce jeu a rencontré à sa sortie) ce que la saga a de mieux à proposer.