Savage est un jeu vidéo Amiga publié par Probeen 1989 .

  • 1989
  • Inclassable

Test du jeu vidéo Savage

1/5 — Bof… par

Réalisé par Probe, édité par Microplay

Y’en a des fois qui ont des idées bizarres. Les gars de chez Probe - et pourtant Dieu sait si je suis conciliant avec eux en règle générale - ont voulu jouer les apprentis sorciers et ont décidé de mixer Rastan Saga, Space Harrier et Agony dans un seul et même jeu.

Pour ceux à qui ces références parlent autant qu’un monologue du mime Marceau, rappelons que le premier est un jeu d’action avec un barbare pour héros, le second un shoot’em up en pseudo 3D qui se passe dans le futur et le dernier un autres shoot, mais horizontal et dans lequel on dirige un oiseau.

Vouloir mélanger les trois revient à peu près au même résultat que vouloir faire tenir Shimon Peres, Mahmoud Abbas et un assortiment d’armes létales dans une même pièce. Et c’est effectivement un carnage que ce Savage-là.

PAR LE SLIBARD EN POIL DE MAMMOUTH DE CROM !

Dans Savage, vous incarnez un barbare. Mais pas le barbare de la Foir’Fouille, non, un barbare haut de gamme. Un barbare qui se déplace en véhicule futuriste et qui sait se transformer en oiseau. Oui, parce que dans les trois jeux vous incarnez le même barbare, ce qui ne semble pas gêner les développeurs outre mesure.

Votre but ? Eh bien même si vous ne le découvrez qu’avec l’image de fin, il est le même que dans 324 547 autres jeux : vous devez prouvez que vous êtes le meilleur et accessoirement sauver votre poule.

FORMULE TROIS EN UN

Sachez d’abord que vous pouvez jouer à n’importe lequel des trois jeux dans l’ordre que vous souhaitez. Néanmoins, il vous faut le code donné à la fin du premier jeu pour obtenir trois vies dans le second, et le code du second pour avoir trois vies dans le troisième. Si vous ne respectez pas cet ordre, vous commencerez les autres jeux avec une seule et unique toute petite, minuscule vie.

Le premier jeu se présente sous la forme d’un action / plates-formes vu de côté, et vous dirigez votre héros sous sa forme humaine à travers un château, dans le but de trouver la sortie.

Il n’y a qu’un seul et unique niveau, mais le décor change de couleurs suivant votre progression. L’écran est coupé en deux horizontalement, et si dans la partie du bas vous voyez votre progression, celle du haut permet de visualiser votre jauge d’énergie (à gauche du démon) et votre nombre de vies (la jauge de droite).

Vous avancez en frappant tous les ennemis qui se présentent, certains lâchant parfois des objets bien utiles : fiole de soin, anneaux qui vous entourent en vous rendant invincible un court moment, petite ou grosse sphère qui tournoie autour de vous et détruit tout ennemi qu’elle touche ou éclair qui remplace votre hache (votre arme de base part en cloche, alors que l’éclair va tout droit).

De temps en temps, il vous faudra franchir des passages au dessus de la lave, où il vous faudra sauter tout en détruisant les ennemis qui ne cessent d’apparaître, et parfois vous rencontrerez une sorte de boss, un ennemi plus puissant que la moyenne et qui ne sort pas de sa salle, à la différence des autres.

Une fois cette formalité accomplie, vous attaquez sereinement le deuxième jeu. Ici, la vue simule une 3D rudimentaire. Vous ne voyez pas votre personnage, vous ne dirigez qu’un viseur.

Vous vous déplacez sur une carte, en pseudo 3D donc, en essayant de rallier le château que vous voyez au fond. Ce jeu s’étale sur quatre niveaux, où seule la couleur du terrain change.

Sur ce terrain, il y a des obstacles, et des ennemis. Vous devez éviter les premiers et tirer sur les seconds en pointant le viseur sur eux.

Last, but not the least, le dernier jeu est un shoot’em up vu de profil. Vous y incarnez le barbare transformé pour l’occasion en aigle. Votre énergie vous est indiquée par une jauge en haut d’écran.

Il n’y a à nouveau qu’un seul et unique décor, mais celui-ci est bien moins linéaire, et il va vous falloir trouver la sortie de ce petit labyrinthe.

Bien entendu, de nombreux ennemis vous attendent pour ne pas vous faciliter la tâche, ainsi que des piques qui font des va-et-vient. IL FAUT ABSOLUMENT EVITER CES PIQUES ! Si vous vous faites toucher, vous ferez une chute incontrôlable et atterrirez généralement sur un parterre de pieux acérés placés en dessous, et sur lequel vous vous empalerez net, perdant une vie d’un coup.

Contrairement à un shoot normal, il n’y a pas de bonus à ramasser dans ce jeu. Votre aigle aura toujours le même tir de base, pas de protections, que dalle. Simplement, vous trouverez sur votre parcours des pots qui vous permettent de régénérer votre vie.

C’EST DANS LES VIEILLES MARMITES QU’ON FAIT LES MEILLEURES DAUBES

Savage, c’est une sorte de blague potache qui aurait mal tourné. Comme si les développeurs avaient voulu se faire un délire et qu’un commercial était rentré dans le bureau, avait vu la démo tourner et avait hurlé : « Génial coco ! Faut le vendre tout de suite ! » C’est peut-être ce qu’il s’est passé d’ailleurs.

Enfin bref. Savage est laid. Pas juste laid pour de l’Amiga, non. En fait vous prenez votre dictionnaire, vous l’ouvrez à la définition de la laideur, vous prenez tout ce qui la caractérise et vous obtenez un truc plus joli que Savage. Ca y’est, je sais ! Savage c’est un jeu qui tournait en interne chez Probe, pour expliquer aux jeunes recrues ce qu’il ne fallait pas faire : des décors vides et mal dégrossis, des sprites énormes sur un petit écran, d’où des déplacements limités, des couleurs qui ferait passer un jeu Spectrum pour un tableau noir, des animations plus rigides que Clinton quand Monica fumait le cigare et des musiques même pas dignes d’un ascenseur. Tout ça, c’est Savage.

Mais oh oh, ne croyez pas vous en sortir à si bon compte. Oulah, non ! Parce que Savage, c’est aussi trois jeux au gameplay foireux, entre le barbare arthritique qui saute quand il se souvient comment faire, l’oiseau télécommandé au QI de poulpe et la partie 3D totalement illisible sur un demi-écran.

Je ne m’étalerai pas sur la difficulté du jeu, simplement croyez-moi quand je vous dis que vous serez contents de les avoir, vos putains de trois vies.

Mais la palme de la meilleure blague revient quand même à la durée de vie. Avec trois jeux dans une seule coquille, on aurait pu se sentir à l’abri, se dire que même à chier, Savage allait au moins pouvoir occuper nos longues soirées d’hiver. Eh bien nenni, mon ami qui a payé ton jeu la peau du fion, nenni. Les trois jeux réunis vous retiendront une demi-heure chrono en main. Si ça c’est pas fort de café, ça…

Inutile de m’appesantir je pense, Savage est raté. Savage est moche, sans intérêt, frustrant et trop court (même si ce dernier point a au moins l’avantage de diminuer le calvaire). Probe signe là le jeu le plus foireux que je leur connaisse, et a perdu toute crédibilité à mes yeux. MAIS, Savage a au moins une qualité : il n’est pas pire que Beastlord.

Savage