Né à la fin des années 80, le petit studio français Coktel Vision a vivoté une demi-douzaine d’années durant avant d’être finalement racheté par Sierra Entertainment. Seule véritable réussite du développeur, la série des Goblins, qui sera rebaptisée par la suite Goblins Quest dans la logique des jeux d’aventure de Sierra (Police Quest, Space Quest, King’s Quest…), compte avant le rachat deux épisodes.
COMPTE DE FÉES
Quelqu’un a enlevé le prince. Heureusement, le roi son père est venu trouver de l’aide auprès de son sorcier personnel, et ce dernier a eu la riche idée de convoquer deux Gobelins, Fingus et Winkle. Le premier est prudent, le deuxième tête brûlée. Mais tous deux débordent d’énergie et leur grande vitalité fait d’eux des héros en devenir qui, seuls, peuvent sauver la tête couronnée.
TOUS CONTES FAITS
Gobliins 2 : The Prince Buffoon est un jeu d’aventure du sous-genre des point ‘n click. La principale caractéristique du jeu, et de la série plus généralement, est sa grande linéarité : il n’y a quasiment pas d’allers-retours à faire, vous devrez résoudre les énigmes d’un tableau avant de passer au suivant et ne pourrez généralement pas revenir en arrière.
Ceci est une bonne chose, tant les énigmes peuvent se montrer tortueuses. En effet, l’autre particularité des Gobelins est que vous y dirigez plusieurs avatars à la fois. Dans le premier épisode vous commandiez trois personnages, ici il n’y en a plus que deux (quoiqu’à la fin, vous dirigerez également le prince). Chacun des personnages peut interagir avec l’environnement, et parfois de manière différente selon ce que vous voulez faire et où. Notez que si l’un des personnages change d’écran, son compère le suit automatiquement.
Il va donc falloir travailler de manière collaborative, et comprendre la logique (ou plutôt l’absence de logique) qui anime les nombreux puzzles du jeu. À titre d’exemple, explorons la maison du sorcier. Il faudra déplacer Fingus devant la tête du lézard qui sert de carpette puis demander à Winkle de tirer la queue de la pauvre bête. Ceci permettra à Fingus de récupérer les allumettes, que l’animal avait avalées, dans la gueule de la créature qui se met à hurler. Vous vous servirez des allumettes pour allumer le feu sous la bouilloire, non sans l’avoir auparavant remplie d’eau (charge à vous de trouver comment) : la vapeur ainsi créée décollera l’affichette au mur, ce qui révèlera le remontoir que vous utiliserez en toute logique sur le coucou. L’oiseau jaillira de la pendule avec une clé au bec, et il ne vous restera plus qu’à faire tomber la clé en lui jetant une pierre. Et voilà, vous avez votre clé ! Mais à quoi elle sert ?
Vous l’aurez compris, chacun des tableaux qui constituent l’aventure est un mystère à lui seul. En général c’est un véritable fatras d’objets qui vous attend, et vous devez comprendre quoi en faire. Le système de jeu est heureusement d’une grande simplicité, et il suffit de cliquer sur un objet pour interagir avec lui. Si l’action est impossible, votre Gobelin refuse tout simplement d’y aller. Et si vous voulez utiliser un de vos items sur un endroit du décor, vous n’avez qu’à choisir cet élément dans votre inventaire puis à cliquer à l’endroit désiré.
UNE AVENTURE FÉE CONTE
Que l’on aime ou non l’orientation graphique des Gobelins, force est de reconnaître à la série une identité visuelle propre. Dans un style très inspiré des dessins animés, le jeu baigne dans un humour bon enfant bien mis en valeur par des animations rigolardes et une bande-son guillerette.
Mais il est tout à fait concevable que certains puissent ne pas aimer, car le jeu n’est pas non plus exempt de défauts. On pourra par exemple lui reprocher une palette de couleurs plutôt limitée (ce qui reste valable pour les trois épisodes de la série) bien qu’un peu plus vaste que celle de son aîné, et le fait est qu’aussi sympathique soit-elle, la partie sonore devient pénible à force de tourner en boucle. Un carton jaune également pour les écrans de chargement qui s’insèrent entre chaque changement de tableau.
De la même façon, Gobliins 2 : The Prince Buffoon n’est pas non plus irréprochable en matière de jouabilité. Car le système de jeu a beau être d’une simplicité enfantine, il n’en demeure pas moins que les énigmes sont particulièrement alambiquées. On peut passer des heures à chercher une solution qui ne viendra finalement que par un coup de chance, après bien des tentatives infructueuses. De fait l’aventure a beau être relativement courte et très linéaire, on y passera de longs moments avant d’en voir le bout.