M’man je veux pas aller au cirque !
Quand j’étais, petit je n’aimais pas le cirque. Je me demandais ce qu’il y avait d’amusant à aller dans une tente sentant le fennec pour y voir des animaux forcés à faire leur numéro ou y subir le spectacle affligeant de clowns tristes qui faisaient des blagues vieilles comme le monde. Pourtant, Fiendish Freddy’s Big Top O’ Fun (FFBTOF, pour les rédacteurs de tests paresseux et de mauvaise foi) est bel est bien un jeu sur le cirque, un jeu que j’ai acheté pour mes 12 ans et un jeu avec lequel j’ai passé d’excellents moments, comme avec tant d’autres sur mon Amiga fétiche. Alors pourquoi ?
Plus interactif que Dragon’s Lair !
La raison en est la suivante : avec l’Amiga que le nom de cette machine soit vénéré jusqu’au siècle des siècles une nouvelle catégorie de jeux voyait le jour dans les foyers : le dessin animé interactif! A l’époque, voir Dragon’s Lair tourner sur un Amiga 500 était une expérience ahurissante, qui laissait songeur quant aux jeux du futur. Malheureusement, aussi beaux furent ces jeux, ils souffraient d’une grosse lacune : ils étaient chiants comme la pluie ou - pire encore - comme un numéro de clowns! Et c’est de là qu’a dû venir la révélation pour les auteurs du jeu! Partant de la règle arithmétique que « moins fois moins, ça donne plus », ils se sont sûrement dits qu’un jeu qui reprend l’univers glauque du cirque avec l’interactivité désespérante d’un dessin animé interactif ne pouvait être que bon !!!! :-D
En réalité, le jeu se présente sous la forme d’une série d’épreuves aussi diverses que variées, basées sur des numéros de cirque, avec une présentation à la Tex Avery assez géniale. Ce qui a été bien pensé c’est que les épreuves sont très différentes et se prêtent bien à l’utilisation d’un nombre limité de commandes au joystick. Qui plus est, le scénario apporte un vrai intérêt au jeu !
Le cirque ou la ruine
L’histoire est en effet simple mais prenante. Vous jouez le rôle du propriétaire d’un cirque au bord de la banqueroute. Criblé de dettes, si vous ne réunissez pas la somme de 10.000 smackeroos, votre chapiteau sera abattu (gnark gnark !) et à la place s’érigera un magnifique centre commercial/fast food Wac Donald’s (j’imagine que c’est ce que veut dire le gros W jaune qui apparaît à la place du cirque en cas de Game Over, à moins que, de façon prémonitoire, il ne s’agisse de W. Bush ?). Pour rassembler cet argent, il vous faudra parvenir à accomplir 6 numéros de cirque complètement déjantés, qui seront jugés par un groupe de juges. En effet, à l’issue de chaque épreuve, un panel de clowns très expressifs (la tête qu’ils tirent si vous ratez une épreuve est vraiment hilarante !) vous attribuera une certaine somme d’argent suivant vos performances. Là où ça se complique c’est que vos créanciers ont envoyé un clown renégat, le terrible Freddy, pour vous mettre des bâtons dans les roues et vous empêcher de rassembler l’argent. A côté de lui, Freddy Krueger est aussi gentil qu’Edward aux mains d’argent. Déjà que les épreuves sont du genre difficile, ça se corse carrément ! Voici ces épreuves :
le saut de l’ange : un plongeur va devoir sauter de plus en plus haut dans un récipient de plus en plus petit, tout en faisant des figures acrobatiques. Il faut d’abord atterrir dans une bassine, pour finir à la fin dans une bouteille ! Pendant le saut, Freddy en profitera pour faire rater sa cible au plongeur grâce à un ventilateur ! Rapidité et précision exigées !
la jonglerie : un clown sur un monocycle doit jongler avec de plus en plus d’objets différents. On commence avec des balles classiques et, progressivement on passe aux couteaux, puis aux enclumes, aux tronçonneuses et aux bébés, qu’il faudra en plus balancer dans leurs poussettes. Ajoutons à cela que, de temps à autre, Freddy lancera des bombes, qu’il faudra retourner à l’envoyeur. Un grand moment de coordination !
le trapèze (une horreur) : dans cette épreuve une jeune trapéziste devra se balancer d’un trapèze à l’autre. La subtilité c’est que la marge d’erreur est très faible pour attraper son trapèze, d’autant qu’il faudra passer au travers de cerceaux enflammés ou de cibles en papier et que, si l’on met trop de temps à se décider, Freddy interviendra et cisaillera le trapèze où l’on se trouve, vouant votre héroïne à une mort certaine ! Nerfs d’acier requis !
lancer de couteaux : cette épreuve consiste à lancer des couteaux sur des ballons disposés sur une cible tournante. Attention à ne pas blesser votre charmante assistante, qui est attachée sur cette cible! En plus Freddy se remettra à larguer quelques bombes fumigènes, ce qui gêne légèrement la précision des tirs!
le funambule : il faut tout simplement progresser en équilibre sur une corde. Le temps est encore limité, grâce aux interventions de Freddy qui, par ailleurs, n’hésitera pas à pousser le funambule pour le déséquilibrer davantage.
l’homme-canon : montrez vos talents en balistique, aidez l’homme-canon Fernando et son assistante (qui n’est pas moins canon) à faire parvenir celui-ci sur sa cible. Pour cela, orientez le canon correctement, trouvez le bon dosage de poudre et BADABOUM! advienne que pourra! Freddy se bornera à bloquer le canon avec un énorme bouchon si l’on met trop de temps à se décider.
C’est bon mais c’est long !
Le principe de chaque épreuve est donc très simple, et le maniement l’est tout autant. Et comme il n’y a que peu de situations différentes à gérer pour chaque épreuve, Mindscape s’est permis de donner une allure de dessin animé à la Tex Avery à l’ensemble. Et sur ce point le résultat est vraiment réussie, que ce soit au niveau des graphismes, qui ont un style propre, ou de l’animation, bien fluide ! On assiste parfois à de grands moments cartoonesques : les mimiques des juges au moment de l’attribution des notes, l’arrivée de Horace, le plongeur de haut vol, dans ses cibles, la tête de Finola la trapéziste quand elle tombe et tant d’autres encore ! La télé sur l’ordinateur, c’était déjà possible il y a 15 ans !!!! Même la musique, typique du cirque, est entraînante, quoique répétitive. En revanche, comme pour beaucoup de jeux de l’époque, c’est dur. C’est même monstrueusement dur ! Même Shadow of the Beast était plus simple à mon avis ! Chaque épreuve demande une précision extrême et exige beaucoup de patience. On peut heureusement s’entraîner mais il m’aura fallu du temps pour réunir les 10.000 smackeroos. Et encore, ai-je triché, en utilisant le cheat code « Petite sur ». En effet, il y avait 2 épreuves sur lesquelles je butais mais que ma sur maîtrisait elle adorait le jeu . Aussi avons-nous subtilement joint nos forces un jour, pour venir à bout de ce jeu. Après de lonnnnnnnnngues heures, nous sommes parvenus à nos fins et on a botté les fesses de ce @ !!!!#\& de Freddy.
Il faut aussi prendre en compte que les temps de chargements étaient longs et que les séances de grille-pains (les changements de disquettes) étaient plus que fréquentes. Ce jeu m’a fait regretter mon ancienne NES pour ce qui est du loading. :‘(
J’avoue que, depuis que je l’ai fini, je n’ai plus jamais rejoué à FFBTOF, sauf de temps en temps pour impressionner les amis de passage. Par contre, il m’a réconcilié avec le cirque, ce qui n’est pas le moindre de ses mérites. Et pour son fun, la qualité de sa réalisation, ses bonnes idées et sa diversité, ce jeu vaut largement son 8/10.
Graphismes : 8.5/10. Du tout bon pour qui aime Tex Avery. Tout y est : la patte graphique, les mimiques hallucinées et les situations déjantées. Pour l’époque, c’est excellent !
Son : 7/10. De la musique de cirque typique, un peu répétitive mais qui met bien dans l’ambiance. Il faut aimer l’orgue de Barbarie, quoi ! Les bruitages digitalisés rajoutent encore à l’esprit « dessin animé ».
Maniabilité : 9/10. Les commandes sont assez intuitives. Par exemple, pour remettre le funambule en équilibre, il faut mettre la manette dans la direction opposée de celle vers laquelle le funambule penche. En plus on échappe au syndrome Dragon’s Lair (une épreuve = un mouvement du joystick).
Durée de vie : 7,5/10. Oula que c’est dur !!!! Mais une fois terminé, la replay value voisine allègrement le zéro absolu.