Développé et édité par clickBOOM.
J’aime bien tous ces petits studios qui sortaient un ou deux jeux puis disparaissaient aussitôt, loin des grosses industries nippones (à l’époque, Electronic Arts n’était pas ce qu’il est et Blizzard-Vivendi-Activision-Universal-Pictures-Presents-Tadadaa-Rugissement n’existait pas encore). En dehors de quelques adaptations, clickBOOM n’a en gros réalisé qu’un seul jeu, celui-ci, avant d’être récupéré par PXL Computers. Cela devrait donc me rendre sympathique ce Capital Punishment, si ce n’était un tout petit détail de rien du tout : c’est une grosse daubasse.
CRIMES ET CHÂTIMENTS
Pas le moindre scénario à l’horizon, pas même le plus petit bout de commencement d’une vague idée d’un synopsis écrit sur un bout de ticket de métro. Capital Punishment, ce sont quatre combattants qui ont à peu près autant en commun qu’un baril de lessive et une hirondelle d’Afrique (celle qui transporte les noix de coco) et qui se retrouvent à se foutre sur la gueule pour Dieu sait quelle raison.
OH OUI MAÎTRESSE, PUNIS-MOI
Ah oui, parce que j’ai oublié de vous préciser une chose : Capital Punishment est un beat ‘em up. Et on sait tous que l’Amiga (et les micros en général) n’est pas vraiment doué lorsqu’il s’agit de tartines de phalanges sur crème de marrons.
Vous commencez par choisir votre personnage parmi quatre (Corben Wedge l’expert en arts martiaux vêtu de rouleaux de PQ, Sarmon le guerrier perse, Demona la maîtresse S-M qui se trimballe les nichons à l’air et Wakatanka le colosse indien) puis vous devrez affronter les trois autres plus trois personnages non-jouables (un ninja, parce qu’il faut TOUJOURS un ninja, et deux créatures extraterrestres) plus le boss final. C’est le seul moment amusant du jeu parce que le combat se déroule sous la forme d’un théâtre d’ombres chinoises : on ne voit pas les combattants, juste leurs silhouettes.
Quel que soit le personnage que vous choisirez - moi j’ai pris Demona mais c’est juste parce que j’aime les développeurs qui ont bon goût - vous devrez en changer en cours de partie. En effet, dès que vous aurez battu l’un des personnages jouables, vous devrez le réaffronter avec son sosie dans un combat bien plus compliqué que le duel normal. Je n’ai pas bien compris le pourquoi du comment, mais peu importe puisque même si vous perdez, vous passez au match suivant.
Grosso merdo, le principe de jeu est le même que d’habitude. Cependant, ici les duels ne sont pas chronométrés, et les coups que vous portez à l’adversaire non seulement entament sa jauge de vie, mais qui plus est rechargent la vôtre ! Si bien que si vous jouez à « à toi, à moi », le combat peut durer trois plombes.
Pour le reste, c’est toujours une histoire de coups de pied et de poing, de projections et de coups spéciaux toujours un peu bordéliques à sortir sur Amiga. Chaque personnage dispose de ses propres techniques. Et parce qu’en 1996 encore, les développeurs étaient toujours persuadés que les joueurs sur micro-ordinateurs étaient de gros adolescents boutonneux, ils ont ajouté les deux ingrédients massues : une gonzesse les nichons à l’air et qui prend la pose en montrant son cul, parce que jouer les racoleurs ça paye toujours ; et un peu de sang frais avec la possibilité d’empaler son adversaire sur des piques, de l’électrocuter…
LA PEINE CAPITALE
C’est marrant parce qu’en lisant des avis à gauche et à droite sur la Toile, j’ai vu que tout le monde considérait ce jeu comme la huitième merveille du monde. Je ne dois pas être foutu comme les autres, parce que pour le coup je l’ai trouvé encore plus pitoyable que Mortal Kombat, ou même que Shadow Fighter. C’est dire.
Concrètement nous avons là un jeu d’une laideur incomparable, dont les énormes sprites - parce que c’est vrai que les personnages sont imposants à l’écran - sont dépourvus du moindre charisme et évoluent dans des décors d’une tristesse déprimante. Et puis surtout, il n’y a aucune recherche graphique, aucune cohérence. Ça fait penser à ces jeux sous Mugen où les fans, visiblement un peu attardés, s’amusent à faire combattre les héros de Dragon Ball Z avec ceux de Rémi sans Famille, sauf qu’ici il n’y a même pas d’aspect fan service. C’est juste un patchwork débile. Côté son, c’est un peu pareil : passé un thème d’introduction très techno-hardcore-de-supermarché, on se retrouve avec des musiques d’ascenseur dignes d’un film porno ouzbek et les bruitages (« URGHH », « RHAHH », « AÏÏÏE »…) qui vont avec.
Rarement je n’avais rencontré pareille ode au mauvais goût. Ce qui ne serait à la limite pas dramatique si la jouabilité était bonne, mais il est décidément écrit dans quelque anathème qu’Amiga et beat ‘em up ne feront jamais bon ménage. Les animations sont hachées au possible, les bugs de collisions sont impardonnables (essayez de frapper votre adversaire en vous collant à lui, vous ne ferez que le traverser sans jamais le blesser) et bien entendu, la maniabilité demeure un calvaire. Tant qu’à achever le cheval, on pourra aussi évoquer le fait qu’avec huit personnages au total, dont un absolument impraticable que vous jouiez seul ou à deux, Capital Punishment ne vaut vraiment pas l’investissement. Finalement, rares sont les jeux à avoir aussi bien porté leur nom.