Audiogenic a beau avoir été l’un des pionniers du jeu vidéo en Angleterre, ce n’est pas pour autant que cette société est spécialement connue en dehors de la Perfide Albyon. Ceci dit, faire toute sa carrière sur des jeux de cricket, ça limite forcément un peu le potentiel commercial d’une entreprise. Quoi qu’il en soit, Bubble and Squeak est l’une des rares incursions du studio du Berkshire en dehors des simulations sportives. Une tentative parmi d’autres d’apporter à l’Amiga un équivalent aux jeux de plates-formes qui font fureur sur consoles de salon.
E.T. RENTRER MAISON
Le synopsis de Bubble and Squeak est réduit à la portion congrue, et d’ailleurs, le jeu nous accueille directement par le premier niveau, sans s’emmerder avec la moindre introduction. C’est sur la notice du jeu qu’il faut chercher un semblant d’objectif : vous incarnez Bubble, une jeune tête blonde qui se voit confier la mission ô combien périlleuse de ramener Squeak, un extraterrestre bleu et rondouillard qui n’est pas sans rappeler le chat robotique DORAemon, chez lui.
FAIS PAS CI, FAIS PAS ÇA
Bubble and Squeak est un jeu de plates-formes à l’occidentale. Reste à définir ce que cela signifie. Je mets ici en opposition les jeux japonais où, généralement, le plus court chemin entre un point A et un point B est la ligne droite, et les jeux occidentaux où, bien souvent, la route est nettement plus tortueuse. Les trente niveaux que comporte l’aventure (regroupés en grands ensembles : les cavernes, les marais, l’usine, le désert…) sont ainsi de véritables labyrinthes dont vous devrez trouver la sortie.
Mais ceci serait finalement un peu trop simple, alors les développeurs ont eu l’idée d’en rajouter une couche. Atteindre la sortie seul ne vous servira à rien, parce que le jeu se pratique en coopération : vous jouez seul, certes, mais vous devez gérer deux personnages à la fois. Dans la pratique, vous ne dirigez que Bubble - il peut sauter et tirer - et Squeak vous suit tant bien que mal.
Et plus mal que bien d’ailleurs, parce que la grosse bestiole est incapable de sauter aussi haut que Bubble (par contre elle peut vous aider à sauter plus haut si vous lui grimpez sur la tête). Or, les niveaux sont agencés de telle manière que cela devient vite un handicap. Cependant, il est possible de demander à votre compagnon de vous attendre sans bouger, par exemple le temps que vous activiez l’ascenseur sur lequel il se trouve. Ce n’est qu’un cas parmi d’autres, et vous devrez aussi utiliser des ressorts pour bondir plus haut, ou encore utiliser des rampes pour faire rouler Squeak comme un ballon. Bien entendu, des ennemis sont également là pour vous rendre la vie dure. Cependant, seul Bubble est vulnérable à leurs attaques.
Vous aurez en outre la possibilité de récolter des cœurs afin de restaurer votre compteur d’énergie, et vous n’oublierez pas non plus de ramasser moult diamants qui se transformeront en vies supplémentaires dès qu’ils seront réunis par groupes de cent. N’oublions pas non plus les machines à chewing-gums, dont raffole Squeak : à peine en a-t-il mâchouillé un qu’il se transforme en monture vous permettant d’atteindre des endroits autrement inaccessibles.
Signalons enfin le cas des stages bonus. En ramassant l’objet adéquat, vous vous retrouverez dans un niveau typé shoot ‘em up, aux commandes d’un sous-marin. En fin de parcours, vous affrontez un boss, toujours le même. De par leur essence même, ces bonus stages ne sont pas obligatoires pour voir la fin du jeu, et il est même conseillé de les éviter puisque non seulement vous n’y gagnez rien (si ce n’est un plus gros score), mais en plus vous risquez d’y perdre des vies !
LE TRAVAIL D’ÉQUIPE NE PAIE PAS
Difficile de s’enflammer pour ce Bubble and Squeak, mais il n’est pas plus simple de lui jeter l’opprobre : le titre d’Audiogenic fait partie de ces jeux sans grande envergure qui ne provoquent pas grande émotion chez le joueur.
Les graphismes sont corrects. Les personnages, amis comme ennemis, sont plutôt mignons, les décors cubiques font vaguement penser à ceux des premiers Sonic, les couleurs sont vives et un peu décalées, comme après un trip sous LSD (je sais qu’il y a des connaisseurs parmi vous), les animations sont un peu saccadées, la musique est gentillette mais fatigante à force de tourner en boucle… Bref, Audiogenic a plutôt bien fait son boulot mais aucune âme ne se dégage du jeu.
Pas mieux du côté de la jouabilité. Le personnage répond globalement bien, le système de coopération donne un peu de piment et vient rehausser une difficulté pas franchement insurmontable, la trentaine de niveaux (plus les bonus) promettent quelques heures derrière l’écran, mais tout cela ne rend pas Bubble and Squeak plus attachant pour autant.