Pour mon premier test, j’ai décidé de parler d’un jeu qu’on oublie trop facilement mais qui présente certains mérites. Cette adaptation du film éponyme de Tim Burton est sortie en 1989, au début de l’âge d’or de l’Amiga, et se trouve être parmi les premiers jeux que j’ai achetés sur cette machine. Il tient donc une certaine place dans ma mémoire, même si ce n’est pas vraiment une perle.
Si tu es chauve, souris (© 1930, la blague)!
Le scénario du jeu reprend celui du film, à savoir occire l’infâme Jack Napier, qui deviendra le Joker, qu’il faudra éliminer une dernière fois dans l’ultime niveau. La trame du jeu se décompose sur 5 niveaux, répartis en 3 types de sous-jeux différents.
Une chauve-souris au plafond
Dans les niveaux 1 et 5, il faudra diriger notre sympathique homme-chiroptère respectivement dans une usine de produits chimiques puis dans unecathédrale. A chaque fin de stage vient la traditionnelle confrontation avec le boss de fin (Jack Napier, puis le Jocker). Tout cela se passe sous la forme d’un jeu de plates-formes assez classique. C’est tellement classique qu’au premier lancement on pourrait se croire sur un Amstrad CPC (et je ne dis pas ça uniquement parce que c’est moche) :grimper de plate-forme, gangsters malveillants – la preuve c’est qu’ils portent tous un imperméable –, décors dépouillés et pièges mille fois vus à esquiver (gouttes d’acide tombant du plafond ou fuites de gaz que notre héros devra éviter (NDLA : c’est Batman, le héros, pas Pétoman). Pour faire face à tout cela, Batman dispose d’un terrible Batarang, qui assommera les adversaires et – malheureusement – d’un batgrappin multi-usages. En effet, Batman, à la différence du Mario moyen, ne sait pas sauter. Son grappin lui servira donc à se hisser sur les étages supérieurs, à se balancer tel Tarzan et, même, à assommer les truands qui auraient eû la mauvaise idée de l’attaquer par au-dessus (indispensable pour liquider Napier et le Joker). Malheureusement, le maniement de cet ustensile est plutôt malaisé : c’est lent et peu précis car on ne voit souvent pas où l’on va atterrir (les niveaux sont vastes). Et puis le résultat est à la limite du ridicule : je défie quiconque de ne pas rire la première fois qu’il verra ce tas de pixels gris/bleu balancer un sucre d’orge télescopique bleu et blanc, avec un magnifique « Chlurp !» sonore, pour se hisser péniblement sur une plate-forme où l’attend un pervers en imperméable armé de grenades. Le découragement vient vite à cause de cette maniabilité, elle aussi perverse, d’autant que la réalisation, austère, n’incite pas à se dépasser. Cependant, en persévérant et en apprenant les pièges par cœur, on y arrive. Et c’est là que le jeu en vaut la chandelle.
Turbo Bat Run !
Les niveaux 2 et 4 nous mettent aux commandes d’une magnifique Batmobile et d’un non moins estimable Batwing et sont prétextes à deux phases de course en simili 3D (remember Out Run !) au volant de ces engins. Le niveau 2, en voiture donc, nous emmène dans une fuite éperdue dans les rues de Gotham City, à esquiver les paisibles citadins rentrant chez eux après une dure journée de travail ainsi que les barrages de police. Le niveau 4 consiste pour sa part à couper les cordes retenant des ballons de baudruche remplis d’un gaz mortel. L’intérêt de ces phases provient de la qualité de l’animation, tout à fait incroyable pour l’époque. C’est bien simple, tout va plus vite que dans la version arcade de Out Run (encore une référence à l’époque) et ça reste extrêmement fluide sur un simple Amiga 500, avec des effets de zoom vraiment très fins. Il faudra attendre Lotus Turbo Challenge pour revoir cette qualité d’animation – et encore je préfère celle de Batman. Le jeu reste difficile cependant, d’autant que le grappin est encore là au niveau 2 : cette fois il permet de tourner dans les rues à 90° pour esquiver les barrages de police. Le niveau 4 est plus classique et demande de slalomer entre des immeubles pour faucher les minces cordes retenant ces ballons. Les décors ne sont pas au top mais restituent bien l’ambiance sombre de Gotham.
Le niveau 3, enfin, est une sorte de Master Mind, qui prend davantage la forme d’un bonus game qu’autre chose. Il faut retrouver 3 produits de consommation courante qui ont été empoisonnés par le Joker.
Mon avis
Je dirai qu’Océan a fait des efforts pour que ce jeu ne soit pas un bête portage informatique d’une licence de film à gros succès. Malheureusement le résultat est inégal et il faut vraiment s’accrocher pour le finir. Autant les phases de course sont excellentes et bien rythmées, autant le reste du jeu oscille entre le pas mal (niveau 3) et le moyen (niveaux plates-formes). Malgré ses défauts, je dois dire que j’ai bien aimé ce jeu et j’avoue avoir passé du temps dessus. Non seulement les phases de pilotage en valaient la peine mais, après des efforts, on arrive à faire des figures acrobatiques avec le batgrappin. Contrairement à pas mal de jeux de l’époque, il suffit de persévérer et on arrive à le finir en quelques semaines. Je recommande donc ce jeu à ceux qui ont connu cette époque du début des années 90, où l’on n’hésitait pas à faire des jeux « différents ». En revanche, que ceux qui ont découvert les jeux vidéo avec la Playstation passent leur chemin ! Ils seraient déçus.
Notes :
Graphismes : 5 pour les niveaux plates-formes, gris et vides, et encore je suis gentil (à la même époque sortait Shadow of the Beast) / 7 pour les phases de course.
Animation : 7 pour les niveaux plates-formes (scrolling fluide mais l’ensemble est assez mou) / 9 pour les niveaux de course.
Son : 6, les musiques du type rock/funk n’ont rien à voir avec celles du film et collent mal à l’univers gothique du sieur capé (d’épée). Par ailleurs certains bruitages sont ridicules.
Maniabilité : 7, malgré une certaine lenteur, les commandes réagissent bien.